lundi 7 octobre 2019

Quels oiseaux portent quelles tiques, qui portent quelles Borreliella ? Résultats de 2018


Cycle de Borreliella (extrait de Drouin 2019)

La borréliose de Lyme est une maladie causée par un ensemble de bactéries de la famille des Borreliella (principalement Borreliella afzelii, B. garinii et B. burgdorferi en Europe). Ces bactéries sont transmises par les tiques (principalement Ixodes ricinus en Europe).  La borréliose de Lyme touche l’Homme mais aussi le Chien, le Cheval et les bovins (Centre National de Référence des Borrelia 2018; Boulouis et al. 2015). Le rôle des oiseaux en tant que réservoir des bactéries responsables de la maladie est reconnu depuis de nombreuses années (Heylen et al. 2013). Ils sont en effet inféodés à certaines espèces de Borreliella, dont B. garinii (associée à des symptômes neurologiques), B. valaisiana et B. turdi. La Mésange charbonnière, la Mésange bleue, le Rougegorge familier et le Merle noir seraient particulièrement impliqués dans la dynamique des populations de tiques vectrices du fait de leurs abondances, et leurs charges en tiques (Marsot et al. 2012; Heylen et al. 2013, 2017; Norte et al. 2015).
Le projet OUTLYER (OiseaU Tiques LYmE Risque) cherche à connaître le rôle des oiseaux en reproduction dans la dynamique locale des populations de tiques et des Borreliella associées. Ce projet est porté par l’unitéd’Epidémiologie du Laboratoire de Santé Animale de l’ANSES (Maisons-Alfort ; Maud Marsot), le CRBPO (Pierre-Yves Henry) et l’unité Biologie Moléculaire etimmunologie parasitaire (BIPAR, INRA/ENVA/ANSES ; Sara Moutailler). Le but est de comprendre la contribution relative des différentes espèces aviaires françaises au risque acarologique de la Borréliose de Lyme, c’est-à-dire à la production de tiques infectées par ces espèces. La période de reproduction des oiseaux, peu étudiée jusqu’à présent (Marsot et al. 2012), représente la période de reproduction et de plus forte abondance des tiques, mais aussi des oiseaux.
La première partie de ce projet s’est déroulée dans le cadre du stage de master 2 d’Alex Drouin. Les bagueurs du CRBPO participants au programme STOC Capture ont été sollicités pour prélever des tiques sur les oiseaux capturés durant la saison de reproduction 2018. Durant cette période, 70 stations ont pris part à la collecte (carte ci-dessous) et ont envoyé 621 prélèvements de tiques provenant de 25 espèces d’oiseaux. Un échantillon correspondait à un oiseau avec au moins une tique prélevée sur l’individu. 
Répartition des sites de prélèvement de tiques et prévalence des larves en Borreliella sp.

Nous nous sommes intéressés uniquement aux larves des tiques car celles-ci sont considérées comme naïves en agents pathogènes. En effet, la transmission trans-ovarienne des bactéries responsables de la maladie de Lyme, c’est-à-dire de transmission de l’agent pathogène de la femelle à sa descendance, est négligeable. On considère donc que lorsqu’une ou plusieurs larves de tique sont détectées positives pour Borreliella, c’est que l’oiseau sur lequel a été prélevé la ou les larves de tiques était porteur de la bactérie et l’a transmise aux tiques.
Nous avons eu au total 312 échantillons de larves, provenant de 25 espèces d’oiseaux différentes. Au total, 27,2 % de ces échantillons étaient positifs pour Borreliella. Les données disponibles pour le moment ont permis de montrer que le Merle noir et la Grive musicienne apparaissaient comme les deux espèces ayant les plus fortes prévalences pour Borreliella. Au contraire, le Rouge-gorge familier et le Troglodyte mignon étaient les deux espèces ayant la plus faible prévalence (voir les détails dans le rapport d’Alex Drouin). La précision de ces estimations reste toutefois à améliorer pour certaines espèces en raison des petits effectifs disponibles. Les données de la collecte de 2019 permettront de compléter les informations concernant la variabilité inter- et intra-spécifique, et d’étudier la variabilité spatiale de cette prévalence. Ces travaux seront poursuivis dans le cadre du projet de thèse de doctorat OUTLYER qui a démarré au 1er octobre 2019 (voir le post).

Références citées
Boulouis, H.-J., A.-C.  Lagrée, T. Dugat, and N. Haddad. 2015. Les animauxvertébrés et les maladies dues à des bactéries vectorisées par les tiques, Revue Francophone des Laboratoires, 472: 77-87.
Centre National de Référence des Borrelia. 2018. 'La bactérie responsable de La Borréliose de Lyme', Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.
Heylen, D., A. Krawczyk, I. Lopes de Carvalho, M. S. Nuncio, H. Sprong, and A. C. Norte. 2017. Bridgingof cryptic Borrelia cycles in European songbirds, Environ Microbiol, 19: 1857-67.
Heylen, D., E. Tijsse, M. Fonville, E. Matthysen, and H. Sprong. 2013. Transmission dynamics of Borrelia burgdorferi s.l. in a bird tickcommunity, Environ Microbiol, 15: 663-73.
Norte, A. C., L. P. da Silva, P. J. Tenreiro, M. S. Felgueiras, P. M. Araujo, P. B. Lopes, C. Matos, A. Rosa, P. J. Ferreira, P. Encarnacao, A. Rocha, R. Escudero, P. Anda, M. S. Nuncio, and I. Lopes de Carvalho. 2015. Patterns of tick infestation and their Borrelia burgdorferi s.l. infection inwild birds in Portugal, Ticks Tick BorneDis, 6: 743-50.

Rédacteurs: Alex Drouin, Maud Marsot et Pierre-Yves Henry

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