vendredi 27 octobre 2023

Vergers de pommiers biologiques vs. conventionnels... où les mésanges charbonnières s'alimentent-elles ?

Mésange charbonnière avec émetteur
En s’appuyant sur le contrôle des ravageurs par des organismes auxiliaires des cultures, la lutte biologique par conservation est une composante de l’agroécologie qui pourrait permettre d’alléger la pression phytosanitaire dans les agroécosystèmes. Les vergers de pommiers nécessitent un nombre important de traitements en particulier contre son principal ravageur, le carpocapse (Cydia pomonella, Tortricidae, Lepidoptera). Les mésanges charbonnières (Parus major) qui consomment essentiellement des lépidoptères en période de reproduction pourraient jouer le rôle d’auxiliaires de protection contre ce ravageur à condition que les vergers de pommiers fassent partie de leurs zones de nourrissage.

Afin de caractériser les zones d’alimentation des mésanges charbonnières se reproduisant dans des nichoirs installés dans des vergers, quatorze femelles ont été suivies par radio-tracking. L’étude a été menée au cours des printemps 2017, 2018 et 2019 dans quatre vergers de pommiers en agriculture biologique (AB) et quatre vergers en production conventionnelle situés dans le sud-est de la France.

Ces suivis montrent que les mésanges qui nichent dans des vergers en AB recherchent leurs proies majoritairement à l’intérieur de la parcelle de pommiers où elles nichent, contrairement aux mésanges des vergers conventionnels qui prospectent en dehors de ceux-ci. Bien que les surfaces prospectées étaient similaires quelques soient les vergers dans lesquels elles ont niché (environ 1,5 ha), les distances parcourues depuis le nichoir par les mésanges des vergers conventionnels étaient presque deux fois plus importantes que chez celles des vergers AB (respectivement ≈ 92 m et 51 m) (Figure 1).  Les vergers biologiques et les haies brise-vent sont les habitats choisis préférentiellement par les mésanges des deux types de vergers pour la recherche de ressources alimentaires. Par ailleurs, le succès reproducteur exprimé en nombre de jeunes à l’envol par couple et par hectare est significativement plus faible en production conventionnelle qu’en AB, en lien avec la fréquence et la nature des traitements phytosanitaires réalisés. 

Figure 1. Exemples d’aires de recherche de nourriture de quatre femelles de Mésange charbonnière (kernels 95%) nichant dans des vergers biologiques (en haut) et conventionnels (en bas). Le nichoir est représenté par un symbole blanc au centre du disque. Les vergers biologiques sont délimités par des lignes vertes et les vergers conventionnels par des lignes rouges.

 

Cette étude suggère que l’installation de nichoirs pour les mésanges est à favoriser dans les vergers de pommiers en AB où elles pourraient jouer le rôle d’auxiliaire de protection des cultures contre les insectes ravageurs. L’installation de nichoirs en vergers conventionnels est au contraire à déconseiller.

Pour en savoir plus, lisez l’article complet :

Bouvier, J.-C, Delattre, T., Boivin, T., Musseau, R., Thomas, C., & Lavigne, C. (2022). Great tits nesting in apple orchards preferentially forage in organic but not conventional orchards and in hedgerows. Agriculture, Ecosystems & Environment 42: 23. (PDF disponible auprès des auteurs)

Rédaction. Jean-Charles Bouvier