jeudi 13 avril 2023

Influenza aviaire: retour sur les mortalités hors normes de 2021-2022

Fou de Bassan breton mort en Espagne (M. Guardiola)


Durant la saison de reproduction 2022, une souche d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a touché les colonies d’oiseaux marins en Europe et en Amérique du Nord : en Écosse notamment de nombreuses colonies ont été touchées (fou de Bassan, labbes, goélands, sternes, etc.).

Les oiseaux sauvages, comme les oiseaux d’eau et les oiseaux marins, sont des réservoirs naturels de souches d’influenza aviaire faiblement pathogènes (H13, H16 par exemple).

Le premier génotype d’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 est apparue dans un élevage d’oies en Chine en 1996.
Puis en 2002, les premiers cas de mortalité ont été enregistrés chez les oiseaux sauvages en Chine, et depuis lors le virus évolue continuellement et la détection du virus chez les oiseaux sauvages est devenue de plus en plus fréquente à une échelle géographique de plus en plus large (Asie, puis Europe, puis Afrique, puis Amérique du Nord…).
Fin 2021, une des premières mortalité massive d’oiseaux sauvages liée à l’IAHP est détectée chez des grues cendrées dans la réserve naturelle du lac Hula en Israël, lors de leur halte migratoire, avec plus de 5000 cadavres dénombrés. Toujours fin 2021, une mortalité massive de bernaches nonnettes a été constatée dans la région de Solway Firth en Écosse, avec une estimation de 8 à 10000 oiseaux morts.
En février 2022, une mortalité massive de pélicans frisés a été constatée dans le parc national de Prespa en Grèce, avec plus d’un millier de cadavres collectés, et seulement 32 nids dénombrés contre 1370 nids à la même période en 2021.
A partir du  printemps 2022, les foyers se multiplient dans les colonies d’oiseaux marins en Europe, notamment en Écosse, mais également en France.
Comment s’est faite la contamination initiale des oiseaux marins ? Nous n’avons pas la réponse à l’heure actuelle… Une hypothèse est que le virus soit arrivé sur les colonies d’oiseaux marins par l’intermédiaire des oiseaux d’eau hivernants… Ensuite la contamination se fait par contact entre les oiseaux et aussi par les fientes, les plumes et le milieu de vie. Le virus peut garder ses propriétés infectieuses dans l’eau pendant une durée variable (en jours ou dizaines de jours), durée inversement proportionnelle à la température de l’eau et à la salinité.
Si les oiseaux d’eau (canards, oies, cygnes…) jouent un rôle dans la dissémination du virus, les goélands jouent également un rôle non négligeable. Ces différentes espèces sont connues pour faire des déplacements sur de longues distances, notamment durant les mouvements migratoires. En 2022 l’épizootie d’IAHP H5N1 est devenue panzootique et des mortalités d’oiseaux ont été recensées en EurAsie, mais également en Amérique et en Afrique, avec une intensité variable entre pays et régions.
Cette vague d'IAHP H5N1 (2021-2022) est sans précédent de par sa propagation rapide et de la fréquence élevée des foyers à la fois chez les oiseaux domestiques et sauvages, avec une même souche circulant sur les différents continents.
D’octobre 2021 à septembre 2022, 112 espèces d’oiseaux sauvages ont été testées positives au virus dans les 37 pays européens qui ont signalé des cas (source). Et la circulation du virus dans la faune sauvage a ensuite continué (source: Plateforme ESA).
Le virus H5N1 qui circule en Europe appartient au clade 2.3.4.4b avec de nombreux génotypes distincts, dont 3 qui ont été identifiés pour la première fois sur la période de juin à septembre 2022.
Le virus a également été détecté chez des mammifères sauvages (et domestiques) en Europe et en Amérique du Nord et dans certains cas présente des marqueurs génétiques d'adaptation à la réplication chez les mammifères.
Le réseau SAGIR de l’OFB (Office Français de la Biodiversité), réseau de surveillance de la santé des oiseaux, amphibiens et mammifères sauvages terrestres en France, en partenariat avec le laboratoire national de référence de l’ANSES, qui identifie les souches qui circulent, a mis en évidence des particularités: si toutes les souches qui circulent sont des H5N1, un génotype semble particulièrement adaptée aux laridés, un autre génotype ayant lui essentiellement circulé chez les fous de Bassan.
Certaines espèces d’oiseaux marins ont été plus fortement touchées que d’autres : c’est notamment le cas des fous de Bassan, la colonie des 7 îles dans les Côtes d’Armor a été touchée à partir de début juillet. C’est LA colonie française, avec 19000 couples en 2021 (en 2012 c’était environ 3 % des effectifs européens), et des milliers d’oiseaux sont morts cet été (voir vidéo LPO). C’est aussi le cas pour la colonie de fous de Bassan de Bass Rock, en Écosse (la plus importante colonie de l’espèce) qui comptait de l’ordre 150 000 adultes reproducteurs, et qui a été gravement décimée.
Les goélands ont eux aussi été fortement touchés en 2022, notamment le goéland argenté, avant que ce ne soit le tour des mouettes rieuses au premier trimestre 2023.
Mais des colonies d’autres espèces ont aussi été sérieusement impactées comme la colonie de sternes caugek du Platier d’Oye dans le Pas-de-Calais : 7000 adultes présents au printemps, puis forte mortalité, et seulement 500 adultes et 200 jeunes en fin de saison de reproduction. Sur l’île de Texel au Pays-Bas, 3500 cadavres de sternes caugek ont été dénombrés sur la colonie en juin, soit environ 40 % des adultes nicheurs sur l’île, bilan minimum car des oiseaux sont très probablement morts en mer ou ailleurs que dans les principales zones de reproduction
Sur l’île de Foula, en Écosse, qui comptait 1800 couples de grands labbes en 2015, moins de 800 couples ont été dénombrés en juin 2022. La mortalité des oiseaux a continué durant la saison de reproduction, et la perte globale est estimée à 60-70 % des nicheurs par rapport à 2015. La mortalité intervenant durant la période de reproduction, les adultes meurent sur la colonie ou en mer, et leurs poussins meurent de faim ensuite…

Le bilan actuel fait état de plusieurs centaines d’oiseaux marins morts dénombrés en Bretagne, mais ce bilan est sous-estimé (tous les cadavres n’étant pas observés et toutes les observations n’étant pas signalées) et la mortalité se compte probablement en milliers d’oiseaux à l’échelle de la Bretagne, et en dizaines de milliers à l’échelle européenne.
L'ampleur de l'épizootie est dramatique pour les oiseaux, notamment marins dont le fou de Bassan et le goéland argenté, les deux espèces les plus touchées par la maladie en Europe
Selon l’ONG Birdlife, près de 400 000 oiseaux sauvages en seraient morts dans le monde, un chiffre certainement sous-estimé pour les raisons précédemment évoquées, et parce que le réseau d’observation des différents pays est plus ou moins structuré.

C’est la première fois qu’une telle mortalité massive est enregistrée à une échelle géographique aussi vaste. Une évaluation précise de la mortalité des oiseaux marins est pour le moment difficile Il faudra attendre la saison de reproduction pour mieux évaluer les impacts : les colonies sont recensées annuellement pour plusieurs espèces d’oiseaux marins, l’état des populations est connu, et les comptages au printemps 2023 permettront de mieux connaître le niveau de la mortalité et déterminer l'impact de l’épizootie.
Tous les oiseaux survivants ne se reproduiront sans doute pas en 2023 car chez les oiseaux marins la formation des couples peut prendre quelques années et les oiseaux dont le partenaire est mort de l’influenza aviaire devront trouver un nouveau partenaire et dans certains cas aussi un nouveau territoire pour y construire leur nid.
Et certaines espèces d’oiseaux marins ont un statut de conservation défavorable, qui risque d’être exacerbé par les impacts de cette panzootie, car les contraintes imposées par le virus sont exacerbées par le stress physiologique déjà imposé par d’autres contraintes environnementales, telles que le manque de ressources alimentaires induit par la surpêche et les changements climatiques, ou encore le dérangement des colonies ou les pollutions diverses.
 
C'est donc sans précédent, et inquiétant, avec des craintes pour l’avenir des colonies bretonnes de certaines espèces d’oiseaux marins !
Il ne faut pas oublier que la cause d’origine est liée aux élevages intensifs, et que ce ne sont pas les oiseaux marins qui constituent une menace

Quelques liens utiles :

Quelques références bibliographiques sélectionnées (ordre anté-chronologique):
Règles de prévention de la transmission de maladies d'oiseau à oiseau lors des captures d'oiseaux sauvages à buts scientifiques: https://crbpo.mnhn.fr/les-ressources/documents-officiels/elements-juridiques-et/article/reglement-interieur

Rédacteur: Bernard Cadiou (Bretagne Vivante), 10 octobre 2022; mise à jour partielle, 17 avril 2023

jeudi 16 février 2023

Quel rôle des oiseaux dans la circulation de pathogènes transmis par les tiques en période de reproduction ? Réponses en vidéo

Jeune rougegorge familier et Ixodes ricinus
Les maladies vectorisées par les tiques représentent une problématique importante en santé animale, et humaine, dans le Monde. La maladie de Lyme est la maladie vectorisée par les tiques la plus répandue de l’hémisphère Nord et provoque des dizaines de milliers de cas humains chaque année. La maladie de Lyme prend différentes formes, suivant la bactérie concernée au sein du complexe Borrelia burgdorferi sensu lato. Comprendre le rôle des différents hôtes possibles dans l’infestation de tiques est donc un enjeu important en éco-épidémiologie de la maladie de Lyme. Les oiseaux ont beaucoup été étudiés pour leur potentiel rôle de dispersion spatiale des pathogènes vectorisés par les tiques lors des mouvements migratoires. Mais les oiseaux peuvent aussi contribuer à l’infestation de tiques en période de reproduction, période à laquelle ils contribuent à la dynamique des populations de tiques (reproduction) et des agents pathogènes. Les recherches doctorales d’Amalia RATAUD ont porté sur la compréhension du fonctionnement d’un tel système épidémiologique particulièrement complexe, comprenant de multiples agents pathogènes et espèces hôtes (nombreuses espèces d’oiseaux), ainsi que plusieurs espèces de tiques, et ce lors de la période d’abondance maximale, c’est-à-dire en période de reproduction. Sa thèse de doctorat est intitulée « Eco-épidémiologie du système Oiseaux – Tiques – Borrelia », et a été soutenue le 12 décembre 2022 au Laboratoire de Santé Animale de l’ANSES de Maisons-Alfort.
 

Après avoir décrit les problématiques posées par les maladies vectorisées par les tiques, Amalia définit le concept de potentiel de réservoir hôte (‘production’ de tiques infectées par un agent pathogène par une population d’une espèce hôte) ainsi que les facteurs pouvant influencer les différentes composantes et paramètres le définissant. S’ensuit la présentation des principaux résultats de ses trois chapitres de thèse, puis la discussion générale des implications de ces résultats.
 
Le premier chapitre porte sur la caractérisation du système d’étude : décrire la diversité des espèces de tiques et des agents pathogènes impliquant des hôtes potentiels ‘Oiseaux’ en période de reproduction. De fait, cette diversité est encore très peu documentée (Rataud et al. 2022a). Pour cet objectif, le réseau des bagueurs d’oiseaux du CRBPO a collecté en période de reproduction des tiques sur 1040 individus, couvrant 56 espèces (allant du pouillot véloce au geai des chênes, et même 1 aigle royal, 1 barge à queue noire). La principale tique infestant les oiseaux est Ixodes ricinus, une tique généraliste (comme déjà constaté par Marsot et al. 2012). Les pathogènes les plus prévalents sont les Borrelia (15,8% des oiseaux échantillonnés), suivies des Rickettsia (13,3%). Parmi les Borrelia, ce sont celles d'oiseaux qui sont majoritaires (B. garinii à 77%, B. valaisiana à 16%). D’autres agents pathogènes pourraient s’avérer d’intérêt pour des recherches (p. ex. Anaplasma et Ehrlichia), mais leur faible prévalence nécessiterait des tailles d’échantillon difficilement atteignables. D’une perspective épidémiologique, le fait marquant à retenir est que les prévalences des tiques en pathogènes variaient le plus fortement entre espèces pour les Borrelia: certaines espèces d'oiseaux jouent donc un rôle nettement plus important que les autres dans la dynamique des Borrelia (Rataud et al. 2022b). Pour les autres  pathogènes, l'identité de l'espèce hôte n'affectait pas significativement la prévalence. Cela montre l'importance de comprendre les traits des espèces aviaires hôtes d’importance dans l’éco-épidémiologie des borrélioses.
 
La suite de la thèse a donc naturellement porté sur la recherche des déterminants de la contribution des différentes espèces d’hôte aviaires dans la ‘production’ de tiques. Le 2ème chapitre s’est concentré sur la compréhension de l’importance relative des variations entre années et entre espèces des charges en tiques (proportion d’oiseaux porteurs de tiques, et nombres de tiques portées), sur un site d’étude suivi sur 13 années (STOC Capture de Forêt de Sénart, Essonne). Et le 3ème chapitre a complété cette analyse des contributions relatives des espèces hôtes aviaires en les pondérant par leurs abondances respectives. Les charges en tiques par espèce hôte sont apparues relativement stables entre années, ce qui les distinguent des charges observées chez les micromammifères montrant de grandes variations entre années. Le message principal de ces deux chapitres est que, dans une communauté multi-hôtes aviaires, en période de reproduction, seules quelques espèces contribuent à la majorité de la production de tiques. Dans la communauté étudiée, il s’agit du Merle noir, de la Grive musicienne, de l’Accenteur mouchet, du Rouge-gorge familier et de la Fauvette à tête noire. Mais ces espèces ne contribuent pas de la même manière : Le Rouge-gorge familier, le Merle noir, la Grive musicienne, l’Accenteur mouchet portent beaucoup de tiques, mais ont une abondance moyenne (à l’exception du rougegorge qui a une abondance élevée). Alors que la Fauvette à tête noire a une charge en tiques moyenne, mais contribue beaucoup du fait de son abondance élevée. Il reste que le trait commun à ces espèces à forte contribution est qu’elles s’alimentent majoritairement au sol ou à faible hauteur dans la végétation, ce qui est le domaine de « chasse » de la tique généraliste Ixodes ricinus. Enfin, les charges en tiques apparaissent relativement stables entre années.
 
Ce travail a été dirigé par Maud MARSOT (Laboratoire de Santé Animale de Maisons-Alfort, ANSES), Pierre-Yves HENRY (CRBPO - Mécanismes adaptatifs et évolution / Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation) et Sara MOUTAILLER (Biologie moléculaire et d’Immunologie PARasitaires, ANSES), et a été financé par l’ANSES et le DIM1Health de la Région Ile de France. Il s’inscrit dans le cadre du projet OUTLYER (OiseaU Tique LymE Risque) qui a pour objectif de caractériser le rôle des oiseaux dans la circulation des bactéries Borrelia en période de reproduction en France (cf. post dédié).
 
Ce projet OUTLYER a été rendu possible grâce au réseau de bagueurs du CRBPO (79 participants) pour la collecte des tiques portées par les oiseaux.
 
Pour en savoir plus sur ces travaux :
 
 
 
Rataud, A., Galon, C., Bournez, L., Henry, P.-Y., Marsot, M., & Moutailler, S. (2022b). Diversity of tick-borne pathogens in tick larvae feeding on reproductive birds in France. Pathogens, 11(8), 946.
 
 
Rédactrice : Amalia RATAUD


vendredi 20 janvier 2023

Le sud-ouest de la France est-il une simple région de transit pour le Gobemouche noir ou également une région d’engraissement ?

Gobemouche noir (J.-M. Fourcade)
La France est connue depuis longtemps comme une aire de transit de Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca) en migration, avec une forte concentration dans le quart sud-ouest. La valeur de cette région comme zone de halte migratoire n’était cependant pas connue précisément : simple transit avec une convergence liée à l’effet d’entonnoir de la barrière pyrénéenne et de l’océan Atlantique ou région d’engraissement avec un rôle fonctionnel proche de celui de la péninsule ibérique ? Cette dernière est reconnue comme la principale zone d'engraissement de l’espèce avant sa traversée du Sahara. Avec les données recueillies lors du camp de baguage de Bayonne / Villefranque (Pays basque), nous avons estimé le taux d’accumulation de réserves, la durée de halte et la quantité de réserves énergétiques. Ces résultats ont été publiés par Fourcade et al. en 2022.

La durée moyenne de halte était relativement élevée, estimée à 8.4 jours après la première capture par un modèle CMR et à 16.8 jours au total sous l’hypothèse d’une durée similaire avant la première capture. Le taux moyen d’engraissement quotidien a été estimé à 0.29 g jour-1 (3.1% de la masse corporelle maigre). Surtout, des effets comme la date et la masse corporelle à l’arrivée étaient non significatifs, soutenant l'idée que la région était ciblée pour engraissement dès le début de la migration et pas seulement sous la pression de l’urgence migratoire en fin de saison et ce, indépendamment de la condition corporelle des individus. Parallèlement, une forte relation positive était observée entre la masse corporelle au départ et le taux d’engraissement, résultat attendu chez les individus qui ont pour stratégie de minimiser le temps passé en migration. Cette stratégie est coûteuse d’un point de vue énergétique et repose sur peu de sites de halte pour lesquels l’enjeu de conservation est important. Par ailleurs et de façon inattendue, des durées minimales de halte de 23 et 28 jours ont été observées chez des individus en bonne condition corporelle. De telles durées ne correspondent pas à des haltes conventionnelles d’engraissement, et ont déjà été observées, bien que rares, pour diverses espèces transsahariennes (documentées dans des études à l'aide de géolocalisateurs).
La quantité moyenne de réserves énergétiques ne différait pas selon l'âge ou l'année et représentait en moyenne 33.8 % de la masse corporelle maigre. Les réserves des oiseaux les plus lourds (> 75e percentile), c-à-d ceux ayant la plus forte probabilité de quitter le site rapidement, représentaient en moyenne 57.3 % de la masse maigre. Ces valeurs sont inhabituelles lorsque la barrière écologique à traverser est encore éloignée. L’estimation de l’autonomie de vol correspondait ainsi à 80 % de la distance jusqu'à la marge sud du Sahara. Au moins une halte supplémentaire était donc nécessaire dans la péninsule ibérique, mais pour un complément modéré.
Ces résultats montrent que des comportements d'engraissement sous la contrainte du temps et des haltes prolongées se produisent simultanément dans le sud-ouest de la France. Ces comportements se produisent sur peu de sites spécifiques, qui fournissent une part importante de l’énergie totale. Bien que le Sahara soit encore éloigné, l’énergie nécessaire à sa traversée peut donc être acquise en grande partie dans le sud-ouest de la France.

Figure 1. Différence de masse corporelle entre la première et la dernière capture (Δmass en g) selon le nombre de jours écoulés (Δdays) chez les gobemouches noirs de 1er automne (extrait de Fourcade et al., 2022). Les deux triangles représentent les deux individus avec des durées de séjour particulièrement longues.
 
Pour en savoir plus, lisez l'article complet: 
 

Rédacteur: Jean-Marc Fourcade

vendredi 16 décembre 2022

Atlas des oiseaux migrateurs de France : une source d’informations unique sur les migrations

Photo: J. Laignel
Le 15 novembre dernier paraissait le premier Atlas des oiseaux migrateurs de France (voir communiqué de presse du Muséum).

Coordonné par Jérémy Dupuy et Louis Sallé, et co-porté par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et Biotope, cet ouvrage constitue une nouvelle pierre angulaire dans la valorisation des connaissances sur les stratégies et phénologies migratoires d’un grand nombre d’espèces transitant en France métropolitaine, des plus communes au moins fréquentes.

Les quelques 200 rédacteurs et relecteurs de monographies ont ainsi permis la construction d’une synthèse recoupant les connaissances extraites de plus de 3 000 références bibliographiques avec le traitement de plus de 100 millions de données d’observations. Parmi ces observations d'oiseaux migrateurs, les données de capture-marquage-recapture (baguage) et de télémétrie occupent une place significative. Ces dernières ont notamment contribué à renseigner les origines, lieux de passage et destinations des migrateurs, ainsi que leurs dates de passage (phénologie). Pour 38 espèces, les trajectoires individuelles d’oiseaux équipés de marques électroniques apportent une image précise du déroulé de ces voyages parfois inter-continentaux.

Fort de plus de 310 monographies spécifiques traitant des patterns spatiaux et temporels des voies et haltes migratoires, de l’écologie et de l’éthologie de chaque espèce en migration et des enjeux de conservation les concernant, ce nouvel atlas en deux volumes vient compléter de manière remarquable le jeu d’atlas nationaux et internationaux intéressant le continent européen (voir prochain post dédié).

Pour vous procurer cet atlas, trois possibilités auprès des éditeurs:

- auprès du Muséum: Publications scientifiques, tél. [33] (0)1 40 79 48 05, diff.pub@mnhn.fr

Rédacteur : Julien Laignel

lundi 10 octobre 2022

De retour de l'Assemblée Générale d'EURING 2022, organisée par CRBPO et ACROLA

L'Assemblée générale de la Coordination européenne pour l’étude des oiseaux par le baguage (EURING) s’est tenue en France du 4 au 6 octobre 2022, entre La Maison du Lac de Grand Lieu et le Château de la Plinguetière (Loire Atlantique), organisée par le CRBPO et l'Association pour la Connaissance et la Recherche Ornithologique Loire et Atlantique (ACROLA). L’assemblée a réuni 75 personnes (59 en présentiel, 16 en distanciel), provenant de 29 pays (31 centres de baguage), allant de l'Espagne à l'Estonie, et de la Turquie à l'Islande (l'Ukraine était également représentée).

Nous avons commencé cette assemblée par la célébration de la parution de notre atlas sur les migrations d’oiseaux en Europe-Afrique, unique au Monde à ce jour par la quantité de données utilisées, et la complémentation des données de baguage par les données de suivi par marquages électroniques (télémétrie; voir post dédié). Maintenant, il nous faut diffuser les connaissances nouvelles contenues dans cet atlas dans nos pays respectifs. Puis nous nous sommes projetés au-delà de l'atlas, et avons réfléchi aux prochains objectifs communs de recherche sur les migrations d'oiseaux.

Un autre temps fort de la rencontre a été les réflexions en groupe sur la priorisation d'actions pour améliorer notre contribution à la biologie des populations d'oiseaux en dehors des périodes de migration: suivi des fluctuations démographiques des populations reproductrices de passereaux communes mal documentées par le protocole EuroCES ? suivi des fluctuations démographiques hivernales ? contribution à la veille sanitaire des populations d’oiseaux sauvages (sujet hautement d’actualité après les hécatombes de 2022 dans certains populations d’oiseaux marins, d’oiseaux d’eau et de rapaces) ?

Enfin, les sessions de réflexion en groupe se sont terminées par la définition d’actions à mener sur 3 axes : amélioration des systèmes d’information sur le suivi des oiseaux par marquage, communication par les réseaux sociaux, et éthique des suivis télémétriques.

En parallèle des réunions de travail, des groupes de scolaires ont pu profiter de l'exposition sur les migrations d'oiseaux et leur étude, créée par ACROLA et mise en place à la Maison du Lac de Grand Lieu. Ils ont pu échanger sur le sujet avec trois scientifiques venus pour l'assemblée d'EURING, l'occasion de pratiquer simultanément sciences de la vie et langues étrangères.

L’assemblée a été clôturée par quatre présentations :

Le dernier jour de rencontre a été l’occasion de visiter l’extraordinaire station d’étude de la migration tenue depuis 21 ans par ACROLA, sur la commune de Donges (Loire Atlantique, voir post dédié). Ce temps de visite de sites en fin de rencontre est le moment clé pour la maturation des idées évoquées pendant les rencontres, et la formation de petits groupes de personnes qui transformeront ces idées en actions.

Station de suivi de la migration par le baguage de Donges (photo: K. Kaisel)

L’organisation de cette assemblée générale en France a été un honneur et un grand plaisir pour les équipes d’ACROLA et du CRBPO. De nombreux participants nous ont exprimé leur grande satisfaction. L’organisation de cet évènement a été possible financièrement grâce à la perception de frais d’inscription par EURING, mais également par les soutiens du Conseil Général de Loire Atlantique et du Muséum National d’Histoire Naturelle. Enfin, nous remercions Hubert Dugué et Patrick Chable (ACROLA) pour l'excellente coordination logistique sur place, et Eugene Archer et Anthony Oates pour les accueils et services de guide bilingues.

Assemblée Générale d'EURING 2022 et équipe ACROLA (photo: K. Kaisel)


Pour découvrir la rencontre en photos (prises par K. Kaisel, Matsalu Bird Ringing Center, Estonie), rendez-vous ici.

Couverture médiatique de l'évènement: FranceInfo, France Bleu, Ouest France, France 3 Pays de Loire (à partir de 18'35).

Rédaction: Pierre-Yves Henry