vendredi 11 octobre 2024

En hommage à Philippe Ollivier


P. Ollivier à l'oeuvre (à gauche)
Philippe Ollivier est décédé le 22 mars 2024 d’une crise cardiaque.
Né en 1955 en Loire-Atlantique, Philippe, sensible à la nature dès son enfance, s’est initié à l’ornithologie visuelle grâce au Peterson dès 1975 et par la suite aux chants.  Devenu professeur de mathématiques et affecté à Condé-sur-Noireau dans le Calvados en 1980, il obtient son permis de baguer en 1982.
C’est à Rohars en Loire-Atlantique que durant ses vacances, il débute son activité de baguage, puis au lac de Grand-Lieu, avant de baguer sur Carolles (Manche). Sur une longue période, il participera aux deux ou trois sessions du STOC capture de Gaston Moreau dans le Perche ornais de 1990 à 2014, ainsi qu’à celles des coteaux du Bessin de 1990 à 2000. Baguage varié à cette même époque : hirondelles et bécassines sur la prairie de Caen avec Michel Saussey et moi-même, hirondelle de rivage dans les carrières de Ducey, participations au camps du Hode avec Patrick Frébourg, Jo Pourreau et Bruno Dumeige dans l’estuaire de la Seine.
Mais c’est surtout le Traquet motteux, encore nicheur dans le havre de la Vanlée et dernier bastion normand, qui a retenu son attention. De 1991 à 1997, le marquage coloré des quelques 30 couples nicheurs et de leurs progénitures lui ont permis d’effectuer un grand nombre de contrôles de bagues. Ce suivi intensif a conduit à 4 publicatons : 
- Ollivier, P. (1994). Traquet motteux Oenanthe oenanthe. Dans D. Yeatman-Berthelot & G. Jarry (Eds.), Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989 (pp. 516–517). Société Ornithologique de France.
- Ollivier, P. (1997). Biologie de reproduction du traquet motteux (Œnanthe œnanthe) en Normandie. Le Cormoran, 10, 36–42.
- Ollivier, P., Debout, C., & Debout, G. (1999). L’importance du choix du territoire dans la reproduction du traquet motteux Œnanthe œnanthe sur une dune fixée de la Manche (N.O. France). Alauda, 67, 213–222.
À l’issue de cette remarquable étude, Philippe, à son grand dam, a vu le déclin progressif de cette population isolée, située sur un site favorable, mais dont la fréquentation croissante par les touristes, la pression ovine et l’effet des tempêtes à répétition, entraineront sa disparition en 2000.
Entre 2000 et 2007, il décide de participer à un Suivi des Populations d'Oiseaux Locaux (SPOL) d’une espèce par ailleurs peu étudiée en période de nidification, mais encore bien présente près de chez lui : le Gobemouche gris. Moins facile à suivre que le traquet motteux, il sera déçu par les premiers résultats obtenus du fait que les retours des oiseaux marqués dans un bocage, certes dégradé, mais vaste, étaient trop  rares pour démontrer l’éventuelle philopatrie des individus (un article paraitra prochainement dans le Cormoran).
Ces dernières années, dès qu’il en avait la possibilité, Philippe est venu m’aider dans mes recherches sur les tariers des prés et bergeronnettes flavéoles étudiés sur les réserves des marais de Carentan, dont je suis le conservateur. De même, il participa au programme d'étude du Phragmite aquatique (ACROLA) sur ce site aussi bien qu’à Genêts dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Durant ces 40 années de baguage, Philippe aura côtoyé bien des bagueurs et bagueuses, surtout en Normandie et en Loire-Atlantique mais aussi, plus récemment en Corse, ce qui lui aura permis d’examiner de près guêpier et petit-duc. Bien que de caractère anxieux face aux imprévus, Philippe était bon vivant, apprécié de tous, toujours prompt à faire bénéficier les aides-bagueur.se.s de ses connaissances. Nous perdons un ami.

Rédaction: Alain Chartier

Philippe Ollivier (gauche) et Alain Chartier (droite) se coordonnant pour le

 choix de combinaison de bagues colorées à poser sur les traquets tariers (RNR des marais de la Taute)


 

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