jeudi 24 octobre 2019

Une nouvelle thèse: éco-épidémiologie du système Habitats-Oiseaux-Tiques-Borreliella en France

A. Rataud, doctorante

La problématique scientifique et sociétale du projet OUTLYER (OiseaU Tiques LYmE Risque) a été présentée récemment sur le blog, à l'occasion des résultats préliminaires issus des échantillons collectés en 2018. Pour rappel, ce projet évaluera le rôle des oiseaux en reproduction dans la dynamique locale des populations de tiques et des Borreliella associées, bactéries responsables de la maladie de Lyme. Ce projet est porté par l’unité d’Epidémiologie du Laboratoire de Santé Animalede l’ANSES (Maisons-Alfort; Maud Marsot), le CRBPO (Pierre-Yves Henry) et l’unité Biologie Moléculaire et Immunologie Parasitaire (BIPAR, INRA/ENVA/ANSES; Sara Moutailler). Le but est de comprendre la contribution relative des différentes espèces d’oiseaux au risque acarologique de la Borréliose de Lyme, c’est-à-dire à la production de tiques infectées par ces espèces. La période de reproduction des oiseaux, peu étudiée jusqu’à présent (Marsot et al. 2012), représente la période de reproduction et de plus forte abondance des tiques, mais aussi des oiseaux.


Ce projet va pleinement se déployer sur 3 ans grâce à l’arrivée d’Amalia RATAUD, qui a démarré sa thèse de doctorat le 1er octobre 2019. Ce projet de thèse a été rendu possible grâce au financement attribué par l’appel à projet 2019 du programme Domaine d’Intérêt Majeur1Health (’Santéanimale, humaine et de l’environnement : Un monde, Une seule santé’, financépar la Région Ile-de-France) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire del'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES).

Nous ferons donc encore appel à tout le réseau des bagueurs, au moins en 2020 et en 2021, pour collecter des tiques au printemps sur un maximum d’espèces d’oiseaux. Les protocoles de terrain, ainsi que le matériel de prélèvement, seront transmis en début d’année 2020.

 










Rédacteur: Pierre-Yves Henry










jeudi 17 octobre 2019

Mesurer l’efficacité de la réhabilitation d’oiseaux: taux de recrutement similaires entre des jeunes Chevêche d’Athéna élevées temporairement en captivité et des oiseaux sauvages

Chevêche avant relâcher (R. Monleau)

Chaque année, un grand nombre de jeunes oiseaux sont ramassés par méconnaissance par des particuliers, peu de temps après avoir quitté leur nid, pour être déposés dans des centres de sauvegarde de la faune sauvage. Ces oiseaux sont temporairement élevés à la main avant d’être relâchés. L’efficacité de cette pratique demeure néanmoins largement méconnue. Hameau et Millon (2019) ont suivi le devenir de 119 chevêches d’Athéna (Athene noctua) relâchées dans la nature. Ils ont trouvé une probabilité de recrutement similaire à celle des oiseaux sauvages (11.8% vs. 10.7% des 382 poussins envolés sauvages). La période de relâcher des oiseaux, en automne et au début du printemps suivant, n’affecte pas les probabilités de recrutement, mais un plus faible succès reproducteur de ces derniers, comparé aux oiseaux sauvages, suggère que les lâchers d’automne sont à privilégier.

Pour plus  d'informations:


Rédacteur:Olivier Hameau

mardi 15 octobre 2019

'Escale au carbet' de Coline Chevis: une bande dessinée sur 'Pourquoi baguer les oiseaux migrateurs?'

L’équipe de la Ligue pour la Protection des Oiseaux  de la Réserve Naturelle de Moëze-Oléron et les bagueurs réalisant le suivi des oiseaux migrateurs par baguage sur le site de Plaisance (Philippe Delaporte, Pierre Rousseau, Loïc Jomat, Jean-François Blanc, Thomas Gouëllo) vous invitent à découvrir les moments inoubliables de cette station de baguage au travers d'une bande dessinée, parue ce 10 octobre 2019. L'auteure, Coline Chevis, s'est immergée dans cette activité hors norme, passant de longues heures la table de baguage, à la tournée des filets, et dans cette ambiance si particulière des petits matins où les buissons bruissent d'oiseaux migrateurs... De témoignage, cette bande dessinée est aussi un pont entre la science et le grand public, et rend accessible à tous le 'Pourquoi baguer les oiseaux migrateurs?'.
Le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d'Oiseaux félicite l'excellente initiative de cette équipe, et a cautionné le contenu scientifique de cet ouvrage, donnant accès au label du comité des éditions du Muséum

Cette bande-dessinée est parue 23 jours après le marquage du 200 000ème oiseaux capturé sur ce site, depuis 2001 !

Prix public : 15€ + frais de port

Pour se la procurer :
ou Espace d’accueil de la réserve naturelle de Moëze-Oléron, Plaisance, route de Plaisance, 17780 Saint-Froult.
200000ème oiseau marqué à Plaisance: un mâle de fauvette à tête noire né en 2019. Bon voyage !

Rédacteur: Nathalie Bourret (Ligue pour la Protection des Oiseaux) et Pierre-Yves Henry (CRBPO)

lundi 7 octobre 2019

Quels oiseaux portent quelles tiques, qui portent quelles Borreliella ? Résultats de 2018


Cycle de Borreliella (extrait de Drouin 2019)

La borréliose de Lyme est une maladie causée par un ensemble de bactéries de la famille des Borreliella (principalement Borreliella afzelii, B. garinii et B. burgdorferi en Europe). Ces bactéries sont transmises par les tiques (principalement Ixodes ricinus en Europe).  La borréliose de Lyme touche l’Homme mais aussi le Chien, le Cheval et les bovins (Centre National de Référence des Borrelia 2018; Boulouis et al. 2015). Le rôle des oiseaux en tant que réservoir des bactéries responsables de la maladie est reconnu depuis de nombreuses années (Heylen et al. 2013). Ils sont en effet inféodés à certaines espèces de Borreliella, dont B. garinii (associée à des symptômes neurologiques), B. valaisiana et B. turdi. La Mésange charbonnière, la Mésange bleue, le Rougegorge familier et le Merle noir seraient particulièrement impliqués dans la dynamique des populations de tiques vectrices du fait de leurs abondances, et leurs charges en tiques (Marsot et al. 2012; Heylen et al. 2013, 2017; Norte et al. 2015).
Le projet OUTLYER (OiseaU Tiques LYmE Risque) cherche à connaître le rôle des oiseaux en reproduction dans la dynamique locale des populations de tiques et des Borreliella associées. Ce projet est porté par l’unitéd’Epidémiologie du Laboratoire de Santé Animale de l’ANSES (Maisons-Alfort ; Maud Marsot), le CRBPO (Pierre-Yves Henry) et l’unité Biologie Moléculaire etimmunologie parasitaire (BIPAR, INRA/ENVA/ANSES ; Sara Moutailler). Le but est de comprendre la contribution relative des différentes espèces aviaires françaises au risque acarologique de la Borréliose de Lyme, c’est-à-dire à la production de tiques infectées par ces espèces. La période de reproduction des oiseaux, peu étudiée jusqu’à présent (Marsot et al. 2012), représente la période de reproduction et de plus forte abondance des tiques, mais aussi des oiseaux.
La première partie de ce projet s’est déroulée dans le cadre du stage de master 2 d’Alex Drouin. Les bagueurs du CRBPO participants au programme STOC Capture ont été sollicités pour prélever des tiques sur les oiseaux capturés durant la saison de reproduction 2018. Durant cette période, 70 stations ont pris part à la collecte (carte ci-dessous) et ont envoyé 621 prélèvements de tiques provenant de 25 espèces d’oiseaux. Un échantillon correspondait à un oiseau avec au moins une tique prélevée sur l’individu. 
Répartition des sites de prélèvement de tiques et prévalence des larves en Borreliella sp.

Nous nous sommes intéressés uniquement aux larves des tiques car celles-ci sont considérées comme naïves en agents pathogènes. En effet, la transmission trans-ovarienne des bactéries responsables de la maladie de Lyme, c’est-à-dire de transmission de l’agent pathogène de la femelle à sa descendance, est négligeable. On considère donc que lorsqu’une ou plusieurs larves de tique sont détectées positives pour Borreliella, c’est que l’oiseau sur lequel a été prélevé la ou les larves de tiques était porteur de la bactérie et l’a transmise aux tiques.
Nous avons eu au total 312 échantillons de larves, provenant de 25 espèces d’oiseaux différentes. Au total, 27,2 % de ces échantillons étaient positifs pour Borreliella. Les données disponibles pour le moment ont permis de montrer que le Merle noir et la Grive musicienne apparaissaient comme les deux espèces ayant les plus fortes prévalences pour Borreliella. Au contraire, le Rouge-gorge familier et le Troglodyte mignon étaient les deux espèces ayant la plus faible prévalence (voir les détails dans le rapport d’Alex Drouin). La précision de ces estimations reste toutefois à améliorer pour certaines espèces en raison des petits effectifs disponibles. Les données de la collecte de 2019 permettront de compléter les informations concernant la variabilité inter- et intra-spécifique, et d’étudier la variabilité spatiale de cette prévalence. Ces travaux seront poursuivis dans le cadre du projet de thèse de doctorat OUTLYER qui a démarré au 1er octobre 2019 (voir le post).

Références citées
Boulouis, H.-J., A.-C.  Lagrée, T. Dugat, and N. Haddad. 2015. Les animauxvertébrés et les maladies dues à des bactéries vectorisées par les tiques, Revue Francophone des Laboratoires, 472: 77-87.
Centre National de Référence des Borrelia. 2018. 'La bactérie responsable de La Borréliose de Lyme', Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.
Heylen, D., A. Krawczyk, I. Lopes de Carvalho, M. S. Nuncio, H. Sprong, and A. C. Norte. 2017. Bridgingof cryptic Borrelia cycles in European songbirds, Environ Microbiol, 19: 1857-67.
Heylen, D., E. Tijsse, M. Fonville, E. Matthysen, and H. Sprong. 2013. Transmission dynamics of Borrelia burgdorferi s.l. in a bird tickcommunity, Environ Microbiol, 15: 663-73.
Norte, A. C., L. P. da Silva, P. J. Tenreiro, M. S. Felgueiras, P. M. Araujo, P. B. Lopes, C. Matos, A. Rosa, P. J. Ferreira, P. Encarnacao, A. Rocha, R. Escudero, P. Anda, M. S. Nuncio, and I. Lopes de Carvalho. 2015. Patterns of tick infestation and their Borrelia burgdorferi s.l. infection inwild birds in Portugal, Ticks Tick BorneDis, 6: 743-50.

Rédacteurs: Alex Drouin, Maud Marsot et Pierre-Yves Henry