vendredi 5 septembre 2025

📢 Information fonctionnement du CBRPO suite à la cyberattaque du Muséum

(Cet article sera mis à jour régulièrement avec les dernières informations)

Chères bagueuses, chers bagueurs,

Suite à la cyberattaque ayant touché le Muséum, nous souhaitons vous informer de la situation et de ses conséquences sur nos activités.
Cet article sera actualisé au fur et à mesure des évolutions.

🔄 Mises à jour : 05/09/2025

📧 Courriels

La majorité de l’équipe reçoit normalement ses mails et l’adresse générique crbpo@mnhn.fr fonctionne.
En revanche, l’accès de Romain Lorrillière à sa boîte mail reste très instable. Si vous devez le contacter, merci de mettre en copie l’adresse suivante : lorrilliere.romain@gmail.com (créée spécialement pour cette situation).

🌐 Site internet et GESTBAG

Le serveur du site du CRBPO demeure indisponible.
En conséquence, plusieurs fonctionnalités de GESTBAG restent perturbées : il est notamment impossible d’éditer des permis pour le moment.

📊 Transmission des données

Nous devrions pouvoir bientôt commencer à réimporter des données dans GESTBAG. Toutefois, l’absence de connexion internet de notre serveur nous empêche d’envoyer les fichiers d’erreur en retour.
Nous vous demandons donc encore un peu de patience et d’attendre notre feu vert avant tout envoi de données.

📧 Liste de diffusion

La liste de diffusion ne fonctionne pas. Le forum DISCORD  "Réseau Baguage" y supplée pour partie.
Si vous êtes bagueuses ou bagueurs, pour vous y inscrire, faites une demande à lorrilliere.romain@gmail.com. 

Article sur le réseau DISCORD : https://docs.google.com/document/d/1BlybRGh_bJ07r-b8i9wxBGoNTM3YuWfw0MNHeQWkBow/edit?usp=sharing

📚Diffusion des ressources du CRBPO 

Vous retrouverez sur le Google Drive partagé créé pour cette situation des ressources documentaires (protocoles, référentiels, formulaires...). 

https://drive.google.com/drive/folders/1WZO_twUkfcE9Q137WVgVpwOX5dfaGvW2?usp=sharing

Les documents y sont ajoutés au fur et à mesure.  
N'hésitez pas à nous faire remonter un besoin. 


🐦Que faire si vous avez trouver un oiseau porteur d'une bague 

un formulaire est ici : 

https://framaforms.org/fiche-de-reprise-doiseau-bague-1756476348


🧑‍🎓 Inscription au prochain stage théorique 

Le prochain stage théorique aura lieu en distanciel le 19, 20 et 21 novembre. 

Pour vous y inscrire, remplissez ce formulaire : 
https://framaforms.org/inscription-au-prochain-stage-de-formation-theorique-au-baguage-doiseaux-1756976942


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🙏 Merci pour votre compréhension et votre patience durant cette période.

L’équipe du CRBPO


jeudi 28 août 2025

Arrivée au CRBPO: Moana Grysan, coordinateur et appui aux suivis des espèces chassables

 

Moana Grysan a pris ses fonctions au CRBPO en mars 2025, en tant que chargé de mission "Coordination et appui au suivi des espèces chassables par marquage". Cette création de poste est l’aboutissement d’un rapprochement constructif entre la Fédération Nationale des Chasseurs et le Muséum national d’Histoire naturelle, conclu par une convention de collaboration pour 2025-2026. Le projet, intitulé Avimark, est piloté par la Fédération nationale des Chasseurs (https://www.chasseurdefrance.com/oiseaux-deplacements/) et financé par l’OFB via le fond d’écocontribution nationale (https://www.ofb.gouv.fr/le-programme-ecocontribution).


L’objectif d’Avimark est double :

  1. promouvoir la collecte et le partage de données de marquages/contrôles/reprises par et avec les acteurs cynégétiques ; 
  2. promouvoir et accompagner l’implication des acteurs cynégétiques dans les suivis d’espèces chassables par marquage (baguage et/ou télémétrie). 

La Fédération Départementale des Chasseurs de Meurthe et Moselle, qui emploie Moana Grysan depuis 2012, a accepté de le mettre à disposition de ce projet (à mi-temps). Moana Grysan est donc intégré à l’équipe du CRBPO pour la mise en œuvre, la consolidation et le développement de ce rapprochement, qui peut être considéré comme historique entre les acteurs du projet.


Les principales missions de Moana Grysan sont :

  • la promotion de la collecte et la gestion des reprises de bagues d'oiseaux prélevés à la chasse,
  • la formation au baguage des acteurs cynégétiques,
  • l’accompagnement de la participation des acteurs cynégétiques aux programmes personnels portant sur des espèces chassables, ainsi que leur mobilisation pour la création de programmes personnels sur des espèces encore trop peu étudiées. 

Moana Grysan est bagueur généraliste depuis 2005 et il est responsable de la station de baguage de Bouligny-Arraincourt en Moselle. Il est également animateur du réseau de baguage de l'alouette des champs (SMAC) et responsable du programme personnel Alouette des champs depuis septembre 2022.

Son implication dans le réseau cynégétique et son investissement dans le réseau de baguage du CRBPO seront des atouts pour mener à bien ce projet


jeudi 21 août 2025

Migrer groupés ou chacun vers sa destination ? La connectivité migratoire est majoritaire au sein des oiseaux européens

Degrés de connectivité migratoire (Fattorini et al. 2023)  
Les oiseaux d'une population reproductrice migratrice peuvent hiverner "groupés" (c'est à dire  majoritairement dans une même aire d'hivernage restreinte) ou "dispersés" (répartis sur une très large aire d'hivernage). Mesurer cette dispersion hivernale relativement aux localisations en reproduction revient à mesurer la 'connectivité migratoire' (autrement dit, la corrélation spatiale entre les positions en reproduction et en hivernage des oiseaux).

Grâce à la collection unique de données de mouvements d'oiseaux assemblée par EURING pour produire l'Atlas de la migration des Oiseaux en Europe-Afrique (voir post dédié), Fattorini et al. (2023) ont pu mener un caractérisation sans précédent du degré de connectivité de 83 espèces d'oiseaux européens. 

La connectivité migratoire ('regroupement hivernal') apparait comme la norme, principalement du fait que les populations sont dispersées sur de larges aires géographiques. Les coûts de la migration conduisent à minimiser les distances de migration, et donc à ce que les oiseaux de différentes régions de reproduction migrent vers des régions d'hivernage au plus proche. La distance de migration moyenne par espèce ressort comme le principal déterminant du degré de connectivité migratoire: plus les aires de reproduction et d'hivernage sont proches, moins il y a de mélange, et donc plus la connectivité migratoire est élevée. Sur le même principe, plus l'aire d'hivernage est restreinte, plus la connectivité est élevée. Les autres caractéristiques biologiques ou phylogénétiques des espèces expliquent peu les différences de connectivité migratoire entre espèce, rappelant la forte labilité du comportement migratoire (les conditions écologiques rencontrées par les populations reproductrices sont plus influentes que les propriétés moyennes des espèces).

Cette compréhension approfondie de la connectivité migratoire est importante pour la conservation: plus la connectivité migratoire est forte, plus la majorité des individus d'une espèce sont dépendants de conditions spécifiques, géographiquement localisées, tant sur leurs aires de reproduction et d'hivernage. Plus une espèce est regroupée sur une aire restreinte, plus nous sommes en capacité d'agir sur la préservation de ses habitats. Plus elle est dispersée, moins il est possible d'avoir une action ciblée, mais également moins il y a de risque d'une exposition de l'ensemble de l'espèce à des menaces fortes et localisées ("tous les oeufs ne sont pas mis dans le même panier").

Cette étude a été possible grâce à l'ensemble des données de baguage collectées sur le siècle passé au travers de l'Europe et l'Afrique, collectées majoritairement par les bagueur.se.s bénévoles et citoyen.ne.s transmettant leurs observations d'oiseaux bagués. Pour la France, le CRBPO transmet ces données annuellement à la base de données européenne (EURING Data Bank), source de cette étude. 

Pour en savoir plus:

Fattorini, N., Costanzo, A., Romano, A., Rubolini, D., Baillie, S., Bairlein, F., Spina, F., & Ambrosini,         R. (2023). Eco-evolutionary drivers of avian migratory connectivity. Ecology Letters 26: 1095-1107

Rédacteur: Pierre-Yves Henry

mercredi 16 octobre 2024

Les passereaux migrateurs paludicoles fréquentent les champs de maïs... mais qu'y font-ils ?

Filet de capture dans un champ de maïs
Les habitats des zones humides ont connu une réduction et une fragmentation dramatiques, en raison des activités humaines telles que l'urbanisation et l'agriculture. Aujourd'hui, les oiseaux, en tant qu'indicateurs de la biodiversité de ces habitats, doivent se reproduire, hiverner ou faire une halte migratoire dans ces zones humides fortement altérées.  Ils doivent concentrer leurs activités dans des habitats reliques (cas ici des roselières humides), des habitats suboptimaux (roselière sèche) ou dans leur environnement tels que les champs agricoles (maïs en agriculture raisonnée).
Dans une vaste zone humide située au sud-ouest de la France (400 ha, Barthes de la Nive, 64, Fig. 1), située sur une voie importante de migration, nous avons testé si l'abondance des espèces de passereaux diffère d'un habitat à l'autre (roselière humide vs roselière sèche ou maïs) en fonction de leur spécialisation dans les habitats aquatiques (espèces aquatiques vs généralistes) et leur stratégie migratoire (migrateurs vs résidents). Nous voulions identifier les mécanismes sous-jacents des variations observées en examinant : la disponibilité des arthropodes dans chaque habitat, le régime alimentaire de cinq espèces d'oiseaux insectivores, et la capacité d’engraissement des oiseaux. Nous avons mis en place un protocole standard de capture sur les trois sites en 2015 et 2016 (Fig. 1). Les résultats de cette étude ont été publiés récemment (Fontanilles et al. 2024).

Figure 1. Zone d’étude des Barthes de la Nive (64) avec les 4 sites de captures et la carte de végétation.


Les cultures de maïs ont accueilli plus d’abondance et de biomasse d'invertébrés que les roselières pour les coléoptères, les diptères, les aranéides et les cicadellidés. Cela peut expliquer pourquoi ces cultures ont été utilisées par une large diversité de passereaux :  aquatiques (Gorgebleue à miroir, Phragmite des joncs, Rousserolle effarvatte), migrateurs non aquatiques (Pouillot fitis, Rossignol philomèle) ou des généralistes locaux (Rouge-gorge, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Fig.2). Le régime alimentaire de la Gorgebleue, espèce aquatique généraliste, était composé principalement de Formicidae qu’elle a trouvé aussi bien dans chaque habitat.
Malgré la disponibilité de nourriture dans les champs de maïs, les oiseaux spécialistes des milieux aquatiques ont été plus abondants dans les roselières : la Bouscarle de Cetti se nourrissant principalement d'Araneidae et de Cicadellidae ; la Rousserolle effarvatte de pucerons et coléoptères.
Les roselières sèches ont été plus utilisées par la Locustelle tachetée, qui se nourrit de Formicidae. Phragmite des joncs et Rousserolle effarvatte étaient plus abondantes dans les roselières humides (Fig.2). Cependant pour cette dernière espèce, nous avons constaté que les jeunes engraissaient aussi dans les champs de maïs.
Figures 2.  Indice d'abondance de chaque site pour les groupes d'espèces et les espèces : trans (espèces migratrices transsahariennes) ; aquatique (espèces aquatiques) ; terr (espèces terrestres) ; loc (local = résident). Les sites sont Maïs U (Mu), Maïs V (Mv), Roselière séche Dry-reedbed (Dr), Roselière humide Wet-reedbed  (Wr). Les diagrammes en boîte montrent la médiane (ligne grasse), le premier et le troisième quartile sous forme de boîte, les moustaches représentent 1,5*l'intervalle interquartile et les valeurs aberrantes sous forme de points. La ligne horizontale en haut du graphique représente le test entre deux sites avec des valeurs p significatives * p < 0,05, ** p < 0,01, *** p < 0,01.

Par conséquent, la stratégie d'utilisation des cultures de maïs est différente selon la spécialité et le statut des espèces. Les résidentes généralistes peuvent s’y déplacer en continuité de la végétation et/ou y rechercher de la nourriture. Les migrateurs ayant besoin de se ravitailler peuvent aussi la fréquenter, mais les transsahariens aquatiques restent plus abondants dans la roselière. La culture de maïs offre des ressources alimentaires et des abris appropriés pour certaines d'espèces. Elle peut être un habitat complémentaire dans l’environnement proche des roselières humides et sèches, mais pas un substitut. Notre étude confirme la nécessité de conserver et étendre les roselières (menacées de fermeture) et une culture du maïs sans insecticide, récoltée après la mi-octobre à la fin de la migration des insectivores.
 

Pour en savoir plus, lire: 
 
 
Rédaction: Philippe Fontanilles


vendredi 11 octobre 2024

En hommage à Philippe Ollivier


P. Ollivier à l'oeuvre (à gauche)
Philippe Ollivier est décédé le 22 mars 2024 d’une crise cardiaque.
Né en 1955 en Loire-Atlantique, Philippe, sensible à la nature dès son enfance, s’est initié à l’ornithologie visuelle grâce au Peterson dès 1975 et par la suite aux chants.  Devenu professeur de mathématiques et affecté à Condé-sur-Noireau dans le Calvados en 1980, il obtient son permis de baguer en 1982.
C’est à Rohars en Loire-Atlantique que durant ses vacances, il débute son activité de baguage, puis au lac de Grand-Lieu, avant de baguer sur Carolles (Manche). Sur une longue période, il participera aux deux ou trois sessions du STOC capture de Gaston Moreau dans le Perche ornais de 1990 à 2014, ainsi qu’à celles des coteaux du Bessin de 1990 à 2000. Baguage varié à cette même époque : hirondelles et bécassines sur la prairie de Caen avec Michel Saussey et moi-même, hirondelle de rivage dans les carrières de Ducey, participations au camps du Hode avec Patrick Frébourg, Jo Pourreau et Bruno Dumeige dans l’estuaire de la Seine.
Mais c’est surtout le Traquet motteux, encore nicheur dans le havre de la Vanlée et dernier bastion normand, qui a retenu son attention. De 1991 à 1997, le marquage coloré des quelques 30 couples nicheurs et de leurs progénitures lui ont permis d’effectuer un grand nombre de contrôles de bagues. Ce suivi intensif a conduit à 4 publicatons : 
- Ollivier, P. (1994). Traquet motteux Oenanthe oenanthe. Dans D. Yeatman-Berthelot & G. Jarry (Eds.), Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989 (pp. 516–517). Société Ornithologique de France.
- Ollivier, P. (1997). Biologie de reproduction du traquet motteux (Œnanthe œnanthe) en Normandie. Le Cormoran, 10, 36–42.
- Ollivier, P., Debout, C., & Debout, G. (1999). L’importance du choix du territoire dans la reproduction du traquet motteux Œnanthe œnanthe sur une dune fixée de la Manche (N.O. France). Alauda, 67, 213–222.
À l’issue de cette remarquable étude, Philippe, à son grand dam, a vu le déclin progressif de cette population isolée, située sur un site favorable, mais dont la fréquentation croissante par les touristes, la pression ovine et l’effet des tempêtes à répétition, entraineront sa disparition en 2000.
Entre 2000 et 2007, il décide de participer à un Suivi des Populations d'Oiseaux Locaux (SPOL) d’une espèce par ailleurs peu étudiée en période de nidification, mais encore bien présente près de chez lui : le Gobemouche gris. Moins facile à suivre que le traquet motteux, il sera déçu par les premiers résultats obtenus du fait que les retours des oiseaux marqués dans un bocage, certes dégradé, mais vaste, étaient trop  rares pour démontrer l’éventuelle philopatrie des individus (un article paraitra prochainement dans le Cormoran).
Ces dernières années, dès qu’il en avait la possibilité, Philippe est venu m’aider dans mes recherches sur les tariers des prés et bergeronnettes flavéoles étudiés sur les réserves des marais de Carentan, dont je suis le conservateur. De même, il participa au programme d'étude du Phragmite aquatique (ACROLA) sur ce site aussi bien qu’à Genêts dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Durant ces 40 années de baguage, Philippe aura côtoyé bien des bagueurs et bagueuses, surtout en Normandie et en Loire-Atlantique mais aussi, plus récemment en Corse, ce qui lui aura permis d’examiner de près guêpier et petit-duc. Bien que de caractère anxieux face aux imprévus, Philippe était bon vivant, apprécié de tous, toujours prompt à faire bénéficier les aides-bagueur.se.s de ses connaissances. Nous perdons un ami.

Rédaction: Alain Chartier

Philippe Ollivier (gauche) et Alain Chartier (droite) se coordonnant pour le

 choix de combinaison de bagues colorées à poser sur les traquets tariers (RNR des marais de la Taute)