Mésange bleue symptomatique (photo: |
Les premiers cas suspects de mortalité chez les mésanges bleues en Allemagne ont été notés durant le première quinzaine du mois de Mars. L'épidémie a ensuite progressé et vient brusquement de s'accélérer. En effet, le nombre d'oiseaux malades ou morts notifiés au NABU (via un formulaire électronique dédié) continuent de grimper et sont passées d'un total de 8000 entre Mars et Pâques, à 15000 le 15/4, puis 20000 le 17/4, 26000 le 21/4 et 32000 le 30/4 (voir l'article en allemand sur le site NABU - l'ONG nationale de protection des oiseaux allemande).
L'agent pathogène est resté mystérieux durant les premières semaines de l’épidémie. Les soupçons se sont ensuite orientés vers Suttonella ornithocola qui vient d'être formellement confirmée. Il s’agit une bactérie de la famille des Cardiobacteriaceae formellement décrite en 2005 (Foster et al. 2005). Toutefois, sa découverte remonte au printemps 1996 où elle fut impliquée dans plusieurs évènements de mortalité de mésanges en Angleterre et au Pays de Galle (Kirkwood et al. 2006). Depuis sa découverte, cette bactérie cause sporadiquement des épisodes de mortalité limitée chez les mésanges à travers la Grande-Bretagne (Lawson et al. 2011). Jusque récemment, ce pathogène semblait restreint géographiquement au Royaume-Uni, mais cette bactérie a été confirmée comme l’agent responsable de petits épisodes de mortalité chez des mésanges en Finlande et en Allemagne aux printemps 2017 (EVIRA 2017) et 2018 (Merbach et al. 2019) respectivement.
L'infection entraîne des symptômes non-spécifiques et une maladie de type pneumonie associée avec des nécroses pulmonaires multiples (Lawson et al. 2011, EVIRA 2017). Les oiseaux atteints restent assis, léthargiques avec leurs plumes gonflées, ne tentant pas d'échapper aux personnes qui s'approchent, ils n’arrivent plus à s’alimenter, éprouvent des difficultés respiratoires et présentent souvent des atteintes oculaires. Apparemment, les individus manifestant ces symptômes auraient développé une forme avancée de la maladie, fatale en peu de temps.
S. ornithocola affecte presque exclusivement les mésanges bleues, toutefois les autres espèces de mésanges (Paridae et Aegithalidae) peuvent potentiellement être infectées. Des cas de mortalité ont d’ailleurs été confirmés chez les mésanges noires, à longues-queues et charbonnières (Forster et al. 2005, Lawson et al. 2011, EVIRA 2017, Merbach et al. 2019).
Relativement peu de choses sont connues concernant la transmission de S. ornithocola chez les mésanges, seule la saisonnalité printanière de l’infection semble constante. Étant donné que la bactérie provoque une infection pulmonaire, une contamination par les aérosols (c'est-à-dire gouttelettes d'agent infectieux) libéré par la toux ou les éternuements est considérés comme la voie de transmission la plus probable (Lawson et al. 2011). La durée pendant laquelle S. ornithocola peut survivre dans l'environnement est inconnue.
Le diagnostic de S. ornithocola est généralement fait post-mortem et n’est pas aisé puisque, les atteintes observées ne sont pas spécifiques et que cette bactérie requiert des conditions de culture exigeantes en laboratoire. Des tests moléculaires ont donc été développés et sont nécessaires pour confirmer la présence de S. ornithocola (Peniche et al. 2017).
Cette bactérie n'a jamais été détectée chez l'homme, les mammifères ou d’autres oiseaux que les mésanges et n’est donc pas considérée comme pathogène potentiel pour l’homme. Il convient toutefois d’éviter tout contact ou manipulation avec des oiseaux morts ou symptomatiques (en effet, d’autres agents pathogènes potentiellement zoonotiques peuvent être présents).
L’ampleur de l’épidémie sévissant actuellement en Allemagne est surprenante puisque jusqu’ici S. ornithocola n’avait entrainé que des épisodes épidémiques limités. La situation semblant se détériorer, afin de limiter la transmission, il est impératif d’éviter tout rassemblement et concentration d’oiseaux. Le seul moyen d'agir est donc de stopper tout nourrissage dans les jardins au printemps/été, et d’enlever les mangeoires et abreuvoirs (ce qui d'ailleurs devrait déjà être fait à cette date, cf. post sur ‘Recommandations d'hygiène pour le nourrissage des oiseaux des jardins’).
Mise à jour le 5 mai 2020: le pic d’infection
pourrait être passé, puisque le nombre d'individus morts signalés par jour est stabilisé à ~200 individus, alors qu'il était de 1200 individus lors du pic (10/04).
En parallèle, l'épidémie s'étend géographiquement et il y a maintenant des cas confirmés en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. En date du 29/04/2020, S. ornithocola n’a pas encoré été mise en évidence en France, et aucune mortalité anormale de mésange n’a été
signalée (fide A. Decors et A. Payne,
SAGIR).
Si vous observez des mortalités groupées dans le temps et l’espace
(p.ex. >3 mésanges bleues en 3 semaines pour un jardin, ce qui correspond aux critères habituels de vigilance) en France, signalez-le au réseau de surveillance épidémiologique de la faune sauvage (SAGIR).
L'infection entraîne des symptômes non-spécifiques et une maladie de type pneumonie associée avec des nécroses pulmonaires multiples (Lawson et al. 2011, EVIRA 2017). Les oiseaux atteints restent assis, léthargiques avec leurs plumes gonflées, ne tentant pas d'échapper aux personnes qui s'approchent, ils n’arrivent plus à s’alimenter, éprouvent des difficultés respiratoires et présentent souvent des atteintes oculaires. Apparemment, les individus manifestant ces symptômes auraient développé une forme avancée de la maladie, fatale en peu de temps.
S. ornithocola affecte presque exclusivement les mésanges bleues, toutefois les autres espèces de mésanges (Paridae et Aegithalidae) peuvent potentiellement être infectées. Des cas de mortalité ont d’ailleurs été confirmés chez les mésanges noires, à longues-queues et charbonnières (Forster et al. 2005, Lawson et al. 2011, EVIRA 2017, Merbach et al. 2019).
Relativement peu de choses sont connues concernant la transmission de S. ornithocola chez les mésanges, seule la saisonnalité printanière de l’infection semble constante. Étant donné que la bactérie provoque une infection pulmonaire, une contamination par les aérosols (c'est-à-dire gouttelettes d'agent infectieux) libéré par la toux ou les éternuements est considérés comme la voie de transmission la plus probable (Lawson et al. 2011). La durée pendant laquelle S. ornithocola peut survivre dans l'environnement est inconnue.
Le diagnostic de S. ornithocola est généralement fait post-mortem et n’est pas aisé puisque, les atteintes observées ne sont pas spécifiques et que cette bactérie requiert des conditions de culture exigeantes en laboratoire. Des tests moléculaires ont donc été développés et sont nécessaires pour confirmer la présence de S. ornithocola (Peniche et al. 2017).
Cette bactérie n'a jamais été détectée chez l'homme, les mammifères ou d’autres oiseaux que les mésanges et n’est donc pas considérée comme pathogène potentiel pour l’homme. Il convient toutefois d’éviter tout contact ou manipulation avec des oiseaux morts ou symptomatiques (en effet, d’autres agents pathogènes potentiellement zoonotiques peuvent être présents).
L’ampleur de l’épidémie sévissant actuellement en Allemagne est surprenante puisque jusqu’ici S. ornithocola n’avait entrainé que des épisodes épidémiques limités. La situation semblant se détériorer, afin de limiter la transmission, il est impératif d’éviter tout rassemblement et concentration d’oiseaux. Le seul moyen d'agir est donc de stopper tout nourrissage dans les jardins au printemps/été, et d’enlever les mangeoires et abreuvoirs (ce qui d'ailleurs devrait déjà être fait à cette date, cf. post sur ‘Recommandations d'hygiène pour le nourrissage des oiseaux des jardins’).
- Foster G, Malnick H, Lawson PA, Kirkwood JK, Macgregor SK, Collins MD. 2005. Suttonella ornithocola sp. nov., from birds of the tit families, and emended description of the genus Suttonella. International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, 55, 2269-2272.
- Kirkwood JK, Macgregor SK, Malnick H, Foster G. 2006. Unusual mortality incidents in tit species (family Paridae) associated with the novel bacterium Suttonella ornithocola. Veterinary Records, 158, 203-205.
- Lawson B, Malnick H, Pennycott TW, Macgregor SK, John SK, Duncan G, Hughes LA, Chantrey J, Cunningham AA. 2011. Acute necrotising pneumonitis associated with Suttonella ornithocola infection in tits (Paridae). Veterinary Journal, 188, 96-100.
- EVIRA (Finnish Food Safety Authority). 2017. Suttonella ornithocola infection associated with mortality in Finnish tits (Paridae). In European Wildlife Diseases Association – Bulletin, 16, Newsletter Summer 2017, p. 12.
- Merbach S, Peters M, Kilwinski J, Reckling D. 2019. Suttonella ornithocola-associatedmortality in tits in Germany. Berliner und Münchener tierärztlicheWochenschrift 2019, aop.
- Peniche G, Rodriguez-Ramos Fernandez J, Durrant C, John SK, Macgregor SK, Cunningham AA, Lawson B. 2017. Nested PCR for Suttonella ornithocola reveals widespread infection in British Paridae species. European Journal of Wildlife Research, 63, 50.
Rédacteur: Jean-Marc Chavatte
Très intéressant et même inquiétant que ce soit pour les mésanges ou peut-être même les humains, on ne sait jamais. Comme si le coronavirus ne suffisait pas !!!! Quel début d'année 2020 :(.
RépondreSupprimerEt p.être aussi des Chardonnerets ??? Car cet hiver j'ai d'abord eu la surprise d'un Chardonneret mal en point avec la description qui en est donnée sur le texte en haut (CRBPO info). Puis quelques jours après, un 2ème Chardonneret dans le même état. Puis morts le lendemain. Environ deux mois après, c'est un Pinson des arbres que j'ai retrouvé mal en point de la même façon et qui est probablement allé mourir dans le champ proche de chez moi.
RépondreSupprimerJe rappelle que cet hiver j'effectuais le nourrissage des oiseaux. Début mars j'ai eu jusqu'à 5 mésanges bleues qui venaient se nourrir sur les boules de graisse. Puis un jour, pas une seule n'est ré-apparue ! Je me suis posée des questions. Concernant les mésanges Charbonnières il y en avait régulièrement 4 Puis ensuite plus que deux. Et
elles ne sont pas venues nicher dans un des deux nichoirs installés depuis longtemps. Seule, une (mâle je pense) chantait encore il y a deux jours. Mais pas d'aller/venue en nichoir. Donc questionnement. (?)
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SupprimerPour plus d'information sur les mortalités de fringillidés, consultez les posts précédents:
Supprimerhttp://crbpoinfo.blogspot.com/2019/05/epidemie-de-trichomonose-au-sein-des.html
http://crbpoinfo.blogspot.com/2019/12/recommandations-dhygiene-pour-le.html
Suis à Caunes-Minervois 11160 tous les ans j'ai mésanges noires, bleues et chardonnerets. Cette année aucune bleue et 2 noires et aucun chardonnerets ne sont venus manger' A noter pas de gel, donc besoin de nous ou pas??
RépondreSupprimerLe nombre et les espèces fréquentant les mangeoires dépend des besoins en nourriture et de la nourriture disponible, et donc de climat et du nombre d'oiseaux hivernants. Ainsi, il est normal d'avoir des fluctuations d'une année sur l'autre du nombre d'oiseaux dans votre jardin.
SupprimerPour plus d'information, vous pouvez consulter:
Pierret, P., and F. Jiguet. 2018. The potential virtue of garden bird feeders: More birds in citizen backyards close to intensive agricultural landscapes. Biological Conservation 222:14–20.
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006320717316786
Un couple de Mésanges bleues a commencé à préparer son nid dans le nichoir le 02 avril 2020 puis l'a abandonné. Un seul membre du couple appelait mais il a disparu depuis le 20 avril.
RépondreSupprimerBonjour, Il y a peut être une autre explication que l'article n'évoque pas c'est le traitement du buis contre la pyrale, et après traitement les mésanges qui sont friandes de chenilles les absorbent et s'empoisonnent, des cas avaient été observés suite à ce traitement et les mésanges sont les victimes . Voir : Le seul traitement contre la pyrale du buis efficace reste l'insecticide. Privilégiez alors un insecticide soit à base de Bacillus thuringiensis, soit systémique à base d'acétamipride. L'insecticide systémique est à pulvériser sur les 2 faces des feuilles.
RépondreSupprimer4
Modifier ou supprimer
Pourquoi ne pas couper la branche sur la quel est fixé le nid de ces chenilles ??? Pour éviter l'utilisation de produit toxique et chimique....
SupprimerS'il-vous-plaît, pourriez-vous citer les sources pour ces mortalités en lien avec les insecticides contre la pyrale du buis ? Toutefois, dans le cas présent, cette hypothèse est hors sujet puisqu'il s'agit de mortalité induite par une bactérie, et non pas par un insecticide.
SupprimerBonjour. Je n'ai plus aucune mésange bleue.
RépondreSupprimerArdennes belges. Plus de verdier, et tant d'autres.
Le jardin est tout aussi sauvage qu'avant.
Triste.
Bien à vous.
Même problème chez moi dans l'Isère (Bièvre- Valloire). Recueilli une mésange charbonnière apathique et plus ou moins agonisante, puis c'est un chardonneret trouvé mort. Aucun de mes nichoirs, tous anciens et occupés toutes les années n'est habité ce printemps. Un nid de queues rousses annuel entrepris puis abandonné. Très inquiétant.
RépondreSupprimerBonjour j'ai une question sur se passe t'il si un chat attrape,malheureusement un oiseau infecté par cette bactérie? Merci de votre retour.
RépondreSupprimerComme l'indique l'article, la bactérie n'est pas connue pour induire une maladie ou se développer chez les mammifères
SupprimerMerci pour votre réponse
RépondreSupprimerBonsoir, habitant près de Bourges (18) en région centre, j'ai toujours autant de Messanges (bleues et charbonnière) et autres oiseaux. Pourquoi retirer les abreuvoirs? Changer l'eau tous les jours serait il suffisant? Comment progresse cette maladie? Existe t'il une carte sur l'évolution des cas en fonction de nos réponses?
RépondreSupprimerMerci d'avance
Franck
Pour réduire le risque via les abreuvoirs, il faudrait aussi les désinfecter (comme les mangeoires, voir: http://crbpoinfo.blogspot.com/2019/12/recommandations-dhygiene-pour-le.html).
SupprimerPour le moment, il n'y a pas de cas de cette maladie avéré en France (mais d'autres pathogènes peuvent être transmis par mangeoires et abreuvoirs, cf. l'article cité précédemment).
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai un nid de mésanges bleues dans le jardin. Il y a encore quelques jours, ça piaillait de toute part, une vraie fanfare! j'ai pu discerner au moins 3 oisillons qui tendaient le cou au retour d'un des parents avec de la nourriture. Aujourd’hui, quasi plus de bruit. Il y a encore la présence d'un adulte qui fait des AR mais c'est très calme. Le nichoir porte quelques souillures à son entrée (petits amas rouges - des déjections?). J'ai aussi vu une mouche rentrer dans le nichoir. A la lecture de cet article, je en suis pas très optimiste. Que puis-je faire ? Si il y a des cadavres et des survivants, ne devrais-je pas au moins évacuer les cadavres ? Merci pour vos bons conseils.
Il n'y a rien à faire. Il est habituel qu'une partie des poussins ne survive pas.
RépondreSupprimerA Nice j'ai observé (et pris en photo) un moineau qui semblait avoir les mêmes symptômes.Est-ce que c'est possible ?
RépondreSupprimerPlus de mesanges ds mon jardin...quasi comme l an passé. Caen Calvados.
RépondreSupprimerhabitante de l'hérault 34 , depuis 1 an je n'ai plus une seule mésange bleue, seule les charbonniéres restent présentes.
RépondreSupprimerBonjour, j'aimerais savoir si en ce début fevrier 2021 vous avez des signalements car je me demande si une mésange bleue ne présenterait pas ces symptômes. Jardin situé à Pornic dans le 44 .Merci
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