jeudi 20 août 2020

Du renfort pour la saisie des archives historiques de reprises d'oiseaux bagués: arrivée de Carole Leray

Une part importante des données historiques (1909-1990) d’oiseaux bagués et retrouvés ultérieurement est encore sous format papier. Khaldia Akkari et Marielle Péroz (CRBPO) travaillent depuis 5 ans à l’encodage et l’informatisation de ces données. A ce jour, il reste encore 60000 données non saisies. Grâce à un soutien exceptionnel de la part de la Direction des Ressources Humaines du Muséum, Carole Leray rejoindra le CRBPO pour 6 mois à partir du 1er septembre 2020. Sa mission sera de contribuer à la finalisation de cette saisie des données historiques de reprises d'oiseaux bagués.

Carole a effectué un BTS Gestion et Protection de la Nature puis une licence pro Analyses et Techniques d'Inventaire de la Biodiversité à l'Université de Lyon 1. Elle a effectué son stage de fin d'étude au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (Montpellier) sur le suivi de la reproduction de la Mésange bleue en Corse. Par la suite elle a rejoint l'équipe "Ecologie de la santé" de la Tour du Valat (Camargue) sur le suivi des tiques et du plastique dans une colonie de Goéland leucophée. Elle a également suivi la reproduction des spatules blanches baguées en Camargue. Elle a été aide-bagueuse dans différents camps de baguage, et elle a suivi la formation théorique du CRBPO.

Bienvenue Carole !

Rédacteurs: Carole Leray et Pierre-Yves Henry

vendredi 14 août 2020

Plumes vagabondes, un témoignage sur l'émotion du suivi des oiseaux migrateurs par le baguage

Pierre Witt a publié récemment un bel article témoignant avec justesse de l'émotion que cela procure de participer à l'étude des oiseaux migrateurs en les capturant, les inspectant et les marquant. Ce reportage, paru dans Terre Sauvage n°374 (Mars 2020), a été réalisé au camp de suivi de la migration par baguage de Marcenay, à la frontière entre la Côte-d'Or et l'Aube, dans la roselière d'un étang perdu au milieu du plateau calcaire du Châtillonnais. Ce suivi est réalisé tous les mois d'août depuis 2009 par la Ligue de la Protection des Oiseaux de Côte-d'Or et Sâone-et-Loire. Il repose sur la mise en œuvre du protocole d'étude de la halte migratoire (dit SEJOUR) des fauvettes paludicoles et des buissons, et des hirondelles et bergeronnettes utilisant la roselière comme dortoir.
Pierre Witt nous a accompagné pendant quelque jours, et en a tiré ce bel article auquel vous pouvez accéder en cliquant sur ce lien, en allant à la page 50 (Texte et photographies © Pierre Witt pour Terre Sauvage).

Rédacteur: Pierre Durlet

Nouvelle thèse: Démographie multispécifique des passereaux communs en France

Le projet ANR DEMOCOM (Effets de la gestion et du climat sur la dynamique des communautés - Développement d'une démographie multi-espèce, cf. post dédié) a pour objectif d’améliorer la compréhension des processus démographiques responsables des dynamiques d'assemblage d'espèces en réponse aux fluctuations climatiques. C’est dans le cadre de ce projet que la thèse de Maud QUEROUE a démarré en Octobre 2018 sous la direction d’Olivier Gimenez (Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive), de Pierre-Yves Henry (CRBPO-MECADEV/CESCO) et de Christophe Barbraud (Centre d’Etudes Biologiques de Chizé). L’objectif de cette thèse est de développer des modèles de population multi-espèces pour comprendre les rôles respectifs de l’environnement et des interactions interspécifiques sur la dynamique des populations.

Après avoir étudié des systèmes proies-prédateurs d’oiseaux marins, le projet de thèse se concentre maintenant sur la recherche de signes démographiques de la compétition entre espèces chez différents systèmes de passereaux communs. Un premier système composé de la mésange charbonnière (Parus major) et de la mésange bleue (Cyanistes caeruleus) va permettre d'explorer l’effet la compétition pour les sites de reproduction et les ressources selon le type d’habitat et en fonction des fluctuations météorologiques annuelles. Un autre système composé de la fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla, espèce résidente ou migratrice à courte distance) et de la fauvette des jardins (Sylvia borin, espèce migratrice à longue distance) va permettre d’étudier l’effet des fluctuations météorologiques annuelles sur la compétition pour les ressources au travers d'un chevauchement plus moins important des périodes de reproduction de ces deux espèces. Enfin, sur la base de la validation de l’approche employée, les analyses pourront être étendues à l'exploration des effets des forçages climatiques sur la démographie des communautés des passereaux les plus communs de France. 

L'originalité méthodologique est d'analyser simultanément les données de plusieurs espèces, et provenant de différents protocoles. Ainsi, nous combinerons les données du Suivi Temporel des Oiseaux Communs par points d’écoute - qui renseigne sur les fluctuations de taille des populations, et les données du du Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Capture - qui renseigne sur les changements des processus démographiques sous-jacents (survie locale, productivité, recrutement). C’est en modélisant conjointement ces deux sources d’informations que les effets de la compétition et de l’environnement sur la dynamique de ces passereaux pourront être estimés.

Rédactrice: Maud Queroue

 ANR-16-CE2-0007

 

 


vendredi 7 août 2020

Les isotopes stables ne révèlent pas de changement d'origine latitudinale des pinsons du Nord hivernant en France

Femelle de premier hiver de Pinson du Nord (A. Audevard)

Chaque année, des milliers voire des millions de pinsons du Nord hivernent en France. En Finlande comme en Suède, l'espèce est en fort déclin, probablement en raison du changement climatique. Nous pourrions donc nous attendre à ce que les populations les plus méridionales se réduisent comme peau de chagrin, et que les plus nordiques se maintiennent mieux. Comme les concentrations en deutérium (isotope stable de l'hydrogène) ont une forte structuration latitudinale en Europe, et se retrouvent dans les plumes des oiseaux, nous nous attendrions à trouver une tendance à la diminution du deutérium dans les plumes de pinson du Nord hivernant chez nous, si leur origine est de plus en plus nordique.

En 1969, une équipe du CRBPO s'était déplacée sur un gigantesque dortoir de pinsons du Nord dans le Sud-Ouest, et y avait capturé quelques centaines de pinsons, prélevant une plume de la queue (rectrice) sur 100 mâles et sur 100 femelles. Ces plumes ont été conservées au CRBPO, et ont permis de fournir un échantillon de départ pour des analyses isotopiques historiques. Les oiseaux des collections du Muséum National d'Histoire Naturelle ont fourni d'autres plumes. Enfin, les bagueurs du CRBPO ont été mis à contribution durant quelques hivers récents, pour échantillonner des oiseaux visitant leur mangeoire, ou rejoignant un immense dortoir de millions d'oiseaux en Alsace. Les résultats de ces analyses viennent d'être publiés récemment (Jiguet et al. 2020).

Il en résulte que les concentrations en deutérium (d2Hf, voir figure ci-dessous) n'ont pas varié durant plus d'un siècle et demi dans les plumes de pinsons du Nord hivernant en France. L'hypothèse la plus vraisemblable est donc que les régions d'origine de ces hivernants sont des bastions qui n'ont pas glissé latitudinalement dans le temps.


Concentration en deutérium des rectrices de pinsons du Nord au cours du temps

Pour en savoir plus, lisez l'article complet:

Jiguet, F., Kardynal, K.J. & Hobson, K.A. (2020). Feather stable isotope (δ2H) measurements suggest no historical variation in latitudinal origin of migrants in two declining songbirds. Journal of Ornithology.

Rédacteur: Frédéric Jiguet (à contacter pour obtenir un exemplaire de l'article)