mercredi 27 janvier 2021

Antoine Chabrolle, animateur réseaux Oiseaux Marins

Suite à 10 belles années passées dans les Antilles Françaises, à travailler pour la protection des tortues marines, ainsi qu’à rechercher le fameux Pétrel diablotin sur les reliefs des volcans caribéens, Antoine Chabrolle s’est envolé à bord de son voilier pour rejoindre le port de Concarneau, après avoir réalisé un tour de l’Amérique du Sud.

Arrivé fin 2018 au Muséum, Antoine travaille maintenant sur la thématique des oiseaux marins, et complète ainsi l’équipe du CESCO, rattaché au CRBPO, et basé à la Station Marine de Concarneau (sur le même site que Jérôme Fournier). Il est notamment en charge de l’animation du Réseau National Oiseaux Marins (RESOM), qui a pour vocation de fédérer l'ensemble des acteurs concernés ou intervenants sur la thématique des oiseaux marins, que ce soit en France métropolitaine ou en Outre-mer. Le RESOM doit également permettre une véritable action coordonnée de la communauté ornithologique pour répondre aux obligations de l’Etat. Il se veut être un espace où se discutent, en particulier dans le cadre des directives nationales et européennes les orientations à prendre, où s’expriment les questions des gestionnaires, ONG,… sur la thématique des oiseaux marins.

L’Observatoire des oiseaux marins et côtiers (https://oiseaux-marins.org) est la plateforme sur laquelle sont regroupés les actualités, rapports et données sur les oiseaux marins.

Antoine s’occupe également de l’animation du Groupement d'Intérêt Scientifique sur les Oiseaux Marins (GISOM). Cette association rassemble des experts ornithologues issus de différents horizons (ONG, centres de recherche, bureaux d’études, universitaires ou gestionnaires d’espaces naturels), pour promouvoir l'acquisition et la diffusion de connaissances sur les oiseaux marins. Le GISOM intervient dans différents comités de pilotage (suivi des contaminants, Plan Nation d'Action Puffin des Baléares), groupes techniques sur la thématique des interactions avec les éoliennes ou les captures accidentelles. Antoine coordonne notamment le recensement des oiseaux marins nicheurs 2020-2022.

Par ailleurs, Antoine collabore avec l’Office Français pour la Biodiversité en tant que responsable thématique sur les politiques de mise en place de stratégies de suivis d’indicateurs, pour contribuer aux évaluations nationales (Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin - DCSMM) et régionales (Base de données sur les Aires Marines Protégées - OSPAR) de l'état écologique des oiseaux marins.

Rédacteur: Antoine Chabrolle


 

lundi 25 janvier 2021

Les mythes du coq « fou » et du coq « mou » chez le Grand Tétras

Grand tétras marqué en parade (M. Gauthier-Clerc)

Régulièrement des coqs de Grand Tétras au comportement inhabituel sont signalés. Leur point commun est dêtre confiants vis-vis à des humains. Ils sont signalés lorsquils sapprochent des activités humaines, comme des pistes de ski ou dans les villages.

Ces coqs sont parfois en parade nuptiale, et peuvent alors devenir agressifs vis-à-vis des passants, randonneurs ou skieurs. Lun deux dans le Haut-Jura a fait le tour des réseaux sociaux ces dernières semaines.

Le « fou » et le « mou »

Depuis des dizaines dannées, ces coqs ont été désignés par les termes « mou » et « fou » et ces termes se sont imposés à tous, mais à tort:

« Mou » quand le coq est observé en train de manger, se reposer. Le terme « mou » signifie cependant  quil aurait une pathologie, le rendant apathique, affaibli

« Fou » quand le coq est observé en train de parader, et parfois dêtre agressif. Le terme «fou » désigne une pathologie dordre psychiatrique.

Ces coqs sont également décrits comme passant de «mou » à « fou », et inversement, comme s’ils souffraient dun trouble bipolaire. Ces descriptions et ces termes amènent ainsi à la conclusion fréquente  que ces coqs sont le résultat dune population dégénée,  malades et en déclin. Il a été aussi dit, sans élément, que ce comportement serait le résultat dune dégradation de lhabitat.

Ces termes « fou » et « mou » ne correspondent pas à leur comportement réel et nont pas de réalité médicale prouvée. Ils sont une projection, une interprétation dun comportement qui simplement nest pas habituel pour nous.

Le point commun à tous ces coqs est quils sont confiants, et non pas farouches, comme beaucoup lattendent de tout animal sauvage.

Depuis 2015, nous menons un programme de suivi par marquage de ces individus dans le Massif du Jura, sous la responsabilité de Pierre Durlet (bagueur du Centre de Recherche sur la Biologie des Populations des Oiseaux).

Ce que lon sait

Au sens dical vétérinaire,  il ny a aucun élément montrant quils sont malades.

Les  mesures  de  parasites,  leur  poids,  leur  comportement  ne  montrent  aucun  signe  de maladie ou de faiblesse.

Leur comportement diffère seulement par une confiance à la présence humaine.

Il sagit en majorité de jeunes mâles, de 1 à 2 ans, donc peu expérimenté et qui explore leur environnement. Les individus en parade nuptiale et parfois agressifs ont plutôt dépassé lâge de deux ans et peuvent garder ce comportement plusieurs années de suite.

Ce comportement sobserve partout, en Scandinavie, en Autriche ou Russie, où lespèce reste bien répandue.

Les coqs ne sont pas imprégnés. Le terme imprégnation signifierait quils considéreraient les humains comme de leur espèce. Les suivis montrent  quils arrivent à vivre dans leur milieu naturel et sont présents sur des places de chant (lieux de rassemblement des Grands tras en période de reproduction).

Il ny a actuellement aucune preuve dun dérèglement hormonal. Cela reste une hypothèse. Par contre, on sait que lors des parades pour la reproduction, les mâles de nombreuses espèces ont des taux dhormones comme la testostérone plus élevés et sont plus agressifs.

En  parcs  zoologiques,  si  les  Grands  tétras  sont  très  craintifs  hors  de  la  période  de reproduction,   ils   peuvent   devenir   beaucoup   plus   téméraires   et   attaquer   lors   de   la reproduction, sans doute sous leffet des hormones.

Les parades  avec de lagressivité sur les humains sont communes et considérées comme normales au Canada chez une autre espèce de tras.  Les mâles peuvent être très territoriaux toute lannée. Les parades nuptiales obseres augmentent lors de la période de reproduction, probablement en lien avec des taux dhormones plus élevés, comme la testostérone.

Ces coqs ont souvent une espérance  de vie plus faible en raison de leur confiance. Ils sont ainsi exposés aux voitures, à des coups (bâtons ou autres), au braconnage pour le trophée.

Conclusion et précaution

Ces coqs sont des oiseaux au tempérament confiant et donc pas farouche dont la cause nest pas scientifiquement identifiée. Il ny a actuellement aucun résultat qui indiquent quils aient un problème de santé.

Il ne faut plus utiliser les termes  « fou » et « mou » qui désignent des animaux malades et peuvent amener à les éliminer. Lespèce est en grand danger dans le massif du Jura et il est important de ne pas les importuner en restant à distance.

Ce texte est extrait d'un communiqué de presse de la Fondation du parc zoologique La Garenne.

Rédacteur: Michel Gauthier-Clerc (Docteur vétérinaire, directeur du zoo la Garenne, chercheur associé à Chronoenvironnement Université Bourgogne Franche Comté) et Pierre Durlet (bagueur CRBPO).