Les
Hippoboscidae, communément nommés mouches plates sont des diptères pupipares
hématophages ectoparasites des oiseaux et des mammifères. La sous-famille des
Ornithomyinae parasite les oiseaux. Initié en 2014, le projet PUPIPO propose
aux bagueurs et aux centres de sauvegarde de la faune sauvage de collecter ces
mouches plates notamment afin de mieux connaitre leur répartition géographique
et leurs interactions avec l’avifaune. Sur ce même Blog, en 2020, nous vous
faisions part de la découverte en France de l’espèce Ornithophila gestroi le pupipare des faucons, qui parasite le faucon
crécerellette, Falco naumanni
(Philippe Pilard leg.). D’autres espèces d’Hippoboscidae ont été découvertes en
France dont Lipoptena fortisetosa le
pupipare du chevreuil (Savina Bracquart
leg.), d’autres ont été redécouvertes comme Hippobosca
longipennis le pupipare des canidés (Christophe
de Franceschi leg). Ces deux derniers exemples nous éloignent un peu des
oiseaux, mais ce sont bien des bagueurs qui sont à l’origine de ces données.
Icosta minor (figure 1) est une mouche plate afrotropicale
qui parasite principalement les passereaux et dont l’aire de répartition se
situe au sud du Sahara. À la migration prénuptiale, cette espèce a été signalée
à plusieurs reprises sur la côte ouest de l’Afrique au nord du Sahara, au
Moyen-Orient et dans plusieurs pays européens [Jentzsch
& al. 2021]. Jusqu’ici inconnue
en France, le projet PUPIPO a permis de l’y trouver à trois reprises en début
de printemps : sur l’île de Porquerolles en 2019 sur un Rossignol
philomèle, en 2021 sur une fauvette grisette (Claude Moyon† leg.) et cette
année, un spécimen a été prélevé en Haute-Corse sur un rossignol philomèle
(Antoine-Simon Leoncini leg.). L’introduction, bien malgré eux, de cette Ornithomiynae
par des migrateurs transsahariens peut être le prélude à une implantation
durable de cette espèce en Europe. Ornithoica
turdi, une autre Ornithomyinae, décrite comme une espèce à l’origine
éthiopienne (I. minor et O. turdi sont les deux espèces les plus
communément rencontrées sur les passereaux en Afrique subsaharienne [Jentzsch & al., op. cit.]) est maintenant présente à l’année en France. Les
participants au projet PUPIPO ont déjà récolté une cinquantaine de spécimens d’O. turdi dans 18 départements différents.
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Figure 1 : Icosta minor ♀ [3 mm] (cliché Julien Fleury, Laboratoire
d’Eco-Entomologie). |
Orntihomya comosa (figure 2) est une espèce indomalaise
parasite de nid des hirondelles du genre Riparia.
On la trouve accidentellement sur d’autres espèces d’hirondelles Sa progression
depuis l’Inde vers l’ouest est attestée par la découverte de spécimens dans
plusieurs pays d’Asie centrale dans les années 1970 puis en Europe de
l’Est : Oblast de Kaliningrad dès 2013 sur des hirondelles rustiques en
migration postnuptiale ; en 2021, en Slovaquie sur une hirondelle de
rivage en période de reproduction. En 2020, elle est trouvée dans une colonie
d’hirondelles de rivage en Belgique dans la province du Hainault (Karel Vandemeulebroecke
leg.) et en 2021 en migration postnuptiale sur une hirondelle rustique dans la
Drôme (Laurent Carrier leg.). Ces deux dernières données sont les seules
connues à ce jour pour l’Europe de l’Ouest [Le
Guillou G. & Chapelin-Viscardi
J.-D. 2022].
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Figure
2 : Ornithomya comosa
♀ [4,7 mm] (cliché Julien Fleury, Laboratoire
d’Eco-Entomologie).
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Contrairement
à Icosta minor, la présence d’Ornithomya comosa en période de
reproduction des oiseaux est attestée dans le Paléarctique Occidental par deux
données récentes (Belgique et Slovaquie), qui plus est sur hirondelle de rivage.
Le genre Riparia auquel O. comosa est inféodée dans son aire d’origine.
Les mouches plates trouvées sur des hirondelles représentent plus d’un quart
des Ornithomyinae collectés par les bagueurs. Si O. comosa fait souche en France, il est fort probable que les
participants au projet PUPIPO en seront les premiers témoins. Et il en sera de
même pour I. minor, le changement
climatique jouant en sa faveur, il est possible que cette mouche plate tropicale
intègre elle aussi la liste de nos espèces communes dans les décennies à venir.
Références citées:
Jentzsch M., Knipper S. & Schreiter
R. (2021) - First record of the louse fly Icosta
minor (Diptera: Hippoboscidae) in Austria, including information on the
host choice and entire distribution of the species. Biharean Biologist, 15 (2): 102-107.
Le
Guillou G. & Chapelin-Viscardi
J.-D. (2022) - Découverte d’Ornithomya
comosa (Austen, 1930) en Belgique et en France (Diptera Hippoboscidae)
L’Entomologiste, tome 78, n° 4 : 287 – 294.
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Ces deux articles ainsi que les autres
informations (Newsletters, participation) du projet PUPIPO sont à demander à Gilles LE GUILLOU.
Rédacteur: Gilles Le Guillou
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