Chaque année, en Europe, des millions de renards, mustélidés et corvidés sont
détruits, considérés comme nuisibles ("susceptibles de causer des dégâts" en
France) aux intérêts économiques et sanitaires de l'humain. Pourtant, dans un article récent, Frédéric Jiguet (2020) nous rappelle que les
destructions dé-confinent les individus et augmentent la propagation des
zoonoses. Différents résultats scientifiques illustrent cette aberration, que
ce soit pour le renard et l'échinococcose alvéolaire, le blaireau et la
tuberculose bovine. Pour les corvidés et les dégâts agricoles,
les programmes personnels de marquage en cours en France, sur grands corbeaux, corneilles noires et choucas des tours, permettent d'illustrer les
immenses échelles spatiales de fonctionnement des méta-populations,
rendant toute régulation locale inefficace: un individu éliminé sera très
rapidement remplacé par un autre tant que la ressource attirant l'espèce est
présente.
La réflexion exposée dans cet article argumente l'évidence de la nécessité d'une réelle évaluation des stratégies
de régulation de ces espèces, en plusieurs étapes pratiques, et basée sur une évaluation dite des trois E : écologique, économique et
éthique.
In fine, la décision d'avoir recours à des
méthodes létales devrait être systématiquement conditionnée sur le
fait que les objectifs soient atteignables (réduction de dégâts,
de risques sanitaires), et associés à des bilans écologiques et
économiques positifs.
Pour en savoir plus, lisez l'article: The Fox and the Crow. A need to update pest control strategies.
Renard roux et grands corbeaux, en Estonie (photo Remo Savisaar)
Référence:
Jiguet, F. 2020. The Fox and the Crow. A need to update pest control strategies. Biological Conservation 248:108693.
Rédacteur: Frédéric Jiguet