Dr. Maud QUEROUE |
Dr. Maud QUEROUE |
L’ACROLA (Association pour la Connaissance et la Recherche Ornithologique Loire et Atlantique), ainsi que tous les bagueurs et aide-bagueurs ayant participé au suivi de la migration postnuptiale des passereaux paludicoles sur la station de baguage Acro’pôle de Donges-Est en estuaire de la Loire, ont le plaisir de vous présenter leur publication de 18 ans d’étude scientifique : « Dans le secret des roselière ».
Cet ouvrage est le fruit d’un remarquable travail d’analyse de près de 206 000 captures d’oiseaux entre 2002 et 2019, rédigé en partenariat avec Nantes-Saint-Nazaire Port. Il révèle le fonctionnement de la roselière en tant que halte migratoire indispensable à la survie de nombreuses espèces inféodées à cette végétation si particulière.
Différents paramètres sont étudiés : diversité spécifique, abondance, phénologie globale de migration, âge-ratio, durée de séjour et taux d’engraissement, connectivité nationale et internationale de la station de Donges-Est, zoom sur 12 espèces paludicoles, bilan et perspectives.
Plus d’une année d’analyses et de concertation ont permis de lever le voile sur l’évolution et l’état de conservation des espèces capturées sur ce site exceptionnel. Le maintien de l’effort soutenu dans les suivis scientifiques ainsi que son emplacement stratégique sur l’axe de migration Manche-Atlantique confèrent à la station de baguage Acro’pôle un rôle primordial de veille écologique sur ces espèces, à l’avenir incertain face au changement climatique.
Prix public : 15€ (frais de port compris)
Pour se le procurer :
- en ligne (cliquer ici) ou QR code ci-joint- par courrier: Espace d’accueil de l’ACROLA, 10 rue de la paix, 44480 DONGES.
Rédacteurs: Hubert Dugué et Camille Boucher
Pipit de Richard en Galice, Espagne (D. Lopez-Velasco) |
Une forte proportion des oiseaux vivants dans les régions tempérées ou froides sont des migrateurs saisonniers : ils se déplacent deux fois par an entre leurs zones de nidification, où les ressources, alimentaires notamment, sont abondantes en été mais rares l’hiver, et leurs zones d’hivernage où ils trouveront des ressources pour survivre le reste de l’année. Chez de nombreuses espèces (p. ex. grues, cigognes, oies), ces routes de migration sont apprises par les jeunes qui suivent les adultes lors de leur premier voyage. Chez ces espèces, on connait plusieurs changements contemporains de routes de migration et de sites d’hivernage. En revanche chez les passereaux (les petits oiseaux), les jeunes des espèces migratrices voyagent seuls en suivant un programme de migration codé génétiquement. Chez ces espèces, des changements de route de migration impliquent donc une évolution génétique et sont beaucoup plus rares.
Malgré cette apparente stabilité des routes migratoires et pour des raisons encore inconnues, des individus 'égarés' de plusieurs passereaux d’origine sibérienne sont observés chaque année en faible nombre en Europe, bien loin de leurs routes habituelles. Parmi ces espèces, l’augmentation rapide des effectifs de Pipit de Richard (Anthus richardi) en Europe au cours des dernières décennies a interpellé les chercheurs. En effet, cette espèce migratrice et nicheuse dans les steppes d’Asie centrale était jusque-là connue pour passer l’hiver en Asie du Sud-Est. Des premiers cas d’hivernage notés dans les années 1990 dans le sud de la France ont soulevé l’hypothèse d’une migration régulière de cette espèce asiatique vers l’Europe pour y passer l’hiver.
Pipit de Richard porteur d'un GLS (P. Dufour) |
Aire de distribution du Pipit de Richard et la nouvelle route de migration vers l’Europe découverte par géolocalisation |
Ces recherches viennent s’ajouter à d’autres études montrant comment les espèces migratrices, et notamment les passereaux, peuvent établir de nouvelles zones d’hivernages et de nouvelles routes de migration, leur permettant de s’adapter aux modifications du climat.
Le présent texte est une version adaptée du communiqué de presse diffusé par le CNRS pour annoncer cette découverte.
Cette étude est issue de la thèse de doctorat de Paul Dufour, qui a traité de l'évolution de la migration à longue distance chez
les oiseaux. Ce projet est le fruit d'une collaboration entre Pierre-André Crochet du Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE), Sébastien Lavergne du Laboratoire d’Ecologie Alpine (LECA), et Frédéric Jiguet du CRBPO / Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO). Nous remercions particulièrement Marc Illa, Albert Burgas, Oriol
Clarabuch, Thomas Dagonet, Stephan Tillo, et les autres bagueurs et
aides bagueurs pour leur aide précieuse dans la capture des oiseaux.
Nous remercions également l'ensemble des observateurs pour le suivi des
oiseaux et notamment Benjamin Long et Phillippe Bailleul pour les
nombreuses heures passées à les suivre sur les sites de Castres et de
Fréjus.
Référence: Dufour P, de Franceschi C, Doniol-Valcroze P,
Jiguet F, Guéguen M, Renaud J, Lavergne S, Crochet P-A. A new westward migration route in an Asian passerine bird. Sous presse dans Current Biology.
Pour en savoir plus, demandez l'article complet à Paul Dufour, ou lisez sa thèse de doctorat (disponible en ligne).