lundi 26 septembre 2022

Découverte d’Icosta minor en France et d’Ornithomya comosa en Belgique et en France (Diptera Hippoboscidae)

Les Hippoboscidae, communément nommés mouches plates sont des diptères pupipares hématophages ectoparasites des oiseaux et des mammifères. La sous-famille des Ornithomyinae parasite les oiseaux. Initié en 2014, le projet PUPIPO propose aux bagueurs et aux centres de sauvegarde de la faune sauvage de collecter ces mouches plates notamment afin de mieux connaitre leur répartition géographique et leurs interactions avec l’avifaune. Sur ce même Blog, en 2020, nous vous faisions part de la découverte en France de l’espèce Ornithophila gestroi le pupipare des faucons, qui parasite le faucon crécerellette, Falco naumanni (Philippe Pilard leg.). D’autres espèces d’Hippoboscidae ont été découvertes en France dont Lipoptena fortisetosa le pupipare du chevreuil (Savina Bracquart leg.), d’autres ont été redécouvertes comme Hippobosca longipennis le pupipare des canidés (Christophe de Franceschi leg). Ces deux derniers exemples nous éloignent un peu des oiseaux, mais ce sont bien des bagueurs qui sont à l’origine de ces données.

Icosta minor (figure 1) est une mouche plate afrotropicale qui parasite principalement les passereaux et dont l’aire de répartition se situe au sud du Sahara. À la migration prénuptiale, cette espèce a été signalée à plusieurs reprises sur la côte ouest de l’Afrique au nord du Sahara, au Moyen-Orient et dans plusieurs pays européens [Jentzsch & al. 2021]. Jusqu’ici inconnue en France, le projet PUPIPO a permis de l’y trouver à trois reprises en début de printemps : sur l’île de Porquerolles en 2019 sur un Rossignol philomèle, en 2021 sur une fauvette grisette (Claude Moyon† leg.) et cette année, un spécimen a été prélevé en Haute-Corse sur un rossignol philomèle (Antoine-Simon Leoncini leg.). L’introduction, bien malgré eux, de cette Ornithomiynae par des migrateurs transsahariens peut être le prélude à une implantation durable de cette espèce en Europe. Ornithoica turdi, une autre Ornithomyinae, décrite comme une espèce à l’origine éthiopienne (I. minor et O. turdi sont les deux espèces les plus communément rencontrées sur les passereaux en Afrique subsaharienne [Jentzsch & al., op. cit.]) est maintenant présente à l’année en France. Les participants au projet PUPIPO ont déjà récolté une cinquantaine de spécimens d’O. turdi dans 18 départements différents.

Figure 1 : Icosta minor [3 mm] (cliché Julien Fleury, Laboratoire d’Eco-Entomologie).

Orntihomya comosa (figure 2) est une espèce indomalaise parasite de nid des hirondelles du genre Riparia. On la trouve accidentellement sur d’autres espèces d’hirondelles Sa progression depuis l’Inde vers l’ouest est attestée par la découverte de spécimens dans plusieurs pays d’Asie centrale dans les années 1970 puis en Europe de l’Est : Oblast de Kaliningrad dès 2013 sur des hirondelles rustiques en migration postnuptiale ; en 2021, en Slovaquie sur une hirondelle de rivage en période de reproduction. En 2020, elle est trouvée dans une colonie d’hirondelles de rivage en Belgique dans la province du Hainault (Karel Vandemeulebroecke leg.) et en 2021 en migration postnuptiale sur une hirondelle rustique dans la Drôme (Laurent Carrier leg.). Ces deux dernières données sont les seules connues à ce jour pour l’Europe de l’Ouest [Le Guillou G. & Chapelin-Viscardi J.-D. 2022].

Figure 2 : Ornithomya comosa [4,7 mm] (cliché Julien Fleury, Laboratoire d’Eco-Entomologie).


    Contrairement à Icosta minor, la présence d’Ornithomya comosa en période de reproduction des oiseaux est attestée dans le Paléarctique Occidental par deux données récentes (Belgique et Slovaquie), qui plus est sur hirondelle de rivage. Le genre Riparia auquel O. comosa est inféodée dans son aire d’origine. Les mouches plates trouvées sur des hirondelles représentent plus d’un quart des Ornithomyinae collectés par les bagueurs. Si O. comosa fait souche en France, il est fort probable que les participants au projet PUPIPO en seront les premiers témoins. Et il en sera de même pour I. minor, le changement climatique jouant en sa faveur, il est possible que cette mouche plate tropicale intègre elle aussi la liste de nos espèces communes dans les décennies à venir.

 Références citées:

Jentzsch M., Knipper S. & Schreiter R. (2021) - First record of the louse fly Icosta minor (Diptera: Hippoboscidae) in Austria, including information on the host choice and entire distribution of the species. Biharean Biologist, 15 (2): 102-107.

Le Guillou G. & Chapelin-Viscardi J.-D. (2022) - Découverte d’Ornithomya comosa (Austen, 1930) en Belgique et en France (Diptera Hippoboscidae) L’Entomologiste, tome 78, n° 4 : 287 – 294.

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Ces deux articles ainsi que les autres informations (Newsletters, participation) du projet PUPIPO sont à demander à Gilles LE GUILLOU.

Rédacteur: Gilles Le Guillou

Posts précédents issus du projet PUPIPO:

Une nouvelle espèce de mouche-plate pour la France métropolitaine: le Pupipare des faucons
Des oiseaux, des bagueurs et des mouches-plates
Des mouches transportées par des oiseaux… Fainéantes !
 

 

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