Les Réserves de Chasse et de Faune Sauvage du Massereau
et du Migron sont situées au cœur de l’estuaire de la Loire, zone remarquable
de halte migratoire des passereaux paludicoles. Le suivi de la migration
postnuptiale de ces oiseaux y est pratiqué par baguage depuis 1994 au Massereau
et 2011 au Migron. Ce rapport vise à étudier ces données du 1er au 31 août sur
la période de 2007 à 2019 afin de répondre à plusieurs objectifs : i)
évaluer l’utilisation de la réserve du Massereau par les passereaux paludicoles
migrateurs sur la période de 2007 à 2019, ii) comparer ces résultats avec ceux
de l’étude réalisée par Caillat et al. (2005) sur la période 1994-2003, iii)
comparer les stations du Massereau et du Migron en termes de capacité d’accueil
des passereaux paludicoles en halte migratoire et enfin iv) réaliser un focus
sur le Phragmite aquatique.
La station du Massereau comptabilise 77 espèces baguées
et 39 755 captures entre 2007 et 2019. Les effectifs ne montrent pas de
tendance sur la majorité des espèces, exceptée la Fauvette des jardins (S.
borin), les adultes de Gorgebleue à miroir (L. svecica) et ceux de la
Locustelle luscinioïde (L. luscinioides) en augmentation. La phénologie ne
montre pas de changement de dates médianes de passage sur cette période. La
comparaison des résultats avec l’étude menée par Caillat et al. (2005) sur la
période de 1994 à 2003 indique une stabilité des effectifs du Phragmite des joncs
(A. schoenobaenus), une augmentation des effectifs de la Rousserolle turdoïde (A.
arundinaceus) et une diminution des effectifs de la Rousserolle effarvatte (A.
scirpaceus) et du Bruant des roseaux (E. schoeniclus).
La durée de halte migratoire moyenne de la Rousserolle
effarvatte au Massereau (8,6 jours [6,8 - 10,5]) et son taux d’engraissement
nul sont cohérents avec la stratégie de migration de l’espèce à cette latitude.
Cependant, le Phragmite des joncs semble effectuer une durée de halte plus courte
(4,2 jours [3,7 – 4,8]) et un taux d’engraissement plus faible (jeunes 0,12
g.jour-1 ± 0,01 ; adultes 0,18 g.jour-1 ± 0,02) que ceux attendus au vu de
sa stratégie de refueling à cette latitude. Une étude menée sur le site du
Migron en 1976 indiquait un taux d’engraissement des jeunes Phragmites des
joncs nettement supérieur (0,42 g.jour-1 ± 0,07). Bien qu’il soit difficile
d’expliquer cette différence, une baisse de la qualité du milieu (nourriture
disponible) sur les dernières décennies est une hypothèse à approfondir. Les 3
années de la station du Migron présentent des premiers résultats encourageants
avec un taux d’engraissement du Phragmite des joncs supérieur à celui du
Massereau. De plus, l’année 2019 a permis de mettre en évidence l’intérêt de la
scirpaie pour le Phragmite aquatique (A. paludicola). Cependant, il est
nécessaire de poursuivre un suivi plus fréquent sur ce site afin de confirmer
ces résultats sur les années à venir.
D’après les données du protocole ACROLA, les effectifs
du Phragmite aquatique ont baissé de 75% entre 2007 et 2019. Entre 2007 et
2012, les effectifs et l’indice 93 sont similaires aux données d’autres
stations du Grand Ouest mais baissent de façon continue à partir de 2013. Cette
tendance est également observée à Donges mais seulement jusqu’en 2017. Le
manque de référentiels sur ces dernières années ne permet cependant pas de
déterminer s’il s’agit d’une tendance locale ou nationale. Un suivi de la
qualité du milieu, et en particulier des scirpaies, serait pertinent afin de
mieux comprendre localement les effectifs de l’espèce.
La diversité des passereaux paludicoles et leur
effectif, l’utilisation du site par le Phragmite aquatique et l’engraissement
des espèces avec une stratégie de refueling montrent l’intérêt des réserves du
Massereau et du Migron en halte migratoire. De plus, les échanges locaux avec
la station de Donges située à quelques kilomètres (55% des contrôles
nationaux), témoignent de la complémentarité de ces sites de halte dans
l’estuaire de la Loire. Toutefois, une variabilité interannuelle des paramètres
étudiés est à noter. Ainsi, une période de baguage d’un mois minimum semblerait
plus adaptée pour permettre un suivi à long terme et fiable des tendances
d’effectifs et de phénologie des espèces.
Pour en savoir plus:
Référence : Laigneau F. (2020). Analyse des données de baguage de la station du Massereau 2007-2019. 89 p
Rédacteur: Frédéric Laigneau
Super travail! Bravo!
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