En fin d'année 2017, les augmentations du nombre
d'observations de sizerins en France, en même temps qu'une
augmentation du nombre de captures par les stations de
baguages de pays de l'Est, puis de pays plus proches de la
France, constituaient les prémisses visibles d'un afflux
inhabituel de ces espèces. Alors que les observations en
France ont dépassé les régions où l'espèce peut se rencontrer
habituellement en automne ou en hiver, il est apparu que le
nombre de captures y était en forte augmentation. Aussi
l'activation d'un programme "flash" (voir site du CRBPO ) s’est révélé opportun pour
essayer de caractériser cet afflux, et de répondre à plusieurs
questions : De quelles espèces et populations proviennent ces
oiseaux ? Quelles sont les sexes et âges ratios des cohortes
présentes en France ? Quelle est la dynamique de cet afflux ?
Dans le contexte taxonomique des sizerins européens, les captures ont permis à plusieurs bagueurs et observateurs d’apprécier les différences de plumages - parfois ténues, notamment en fin d’hiver – et de biométrie entre les Sizerin flammé Acanthis flammea et Sizerin cabaret Acanthis cabaret.
Dans le contexte taxonomique des sizerins européens, les captures ont permis à plusieurs bagueurs et observateurs d’apprécier les différences de plumages - parfois ténues, notamment en fin d’hiver – et de biométrie entre les Sizerin flammé Acanthis flammea et Sizerin cabaret Acanthis cabaret.
Sizerin cabaret Acanthis cabaret (à gauche) et Sizerin flammé A. flammea (à droite), Loiret, décembre 2017 (Cyril Maurer) |
La mise en perspective des données de captures et contrôles
collectées sur la période 2000 à 2018 a permis de démontrer
l’efficacité du programme "flash". Elle montre également un
plus fort nombre de captures en début d’afflux qu’au milieu de
l’hiver, qu’une moindre attractivité des leurres acoustiques
pourrait en partie expliquer. L’analyse des données de la
période 2017-2018 montre que les deux tiers des sizerins
capturés sont des cabarets, alors qu’un peu plus de 10 % sont
des flammés (les autres restant indéterminés), et qu’au sein
d’un même groupe les proportions peuvent varier d’un extrême à
l’autre. Les données biométriques (masse et longueur d’aile
pliée) permettent de visualiser globalement la distinction
entre les deux espèces. Il est également constaté que les
sizerins nés en 2017 (jeune de 1er hiver) étaient plus nombreux chez cabaret (54 %)
que chez flammé (38 %).
Répartition des Sizerin cabaret et flammé dans les groupes capturés. |
L’examen du plumage de 5 oiseaux d’âges connus (contrôles
d’oiseaux déjà bagués) a également permis de confirmer que les
critères d’âges concernant les grandes couvertures et la forme
des rectrices n’étaient pas absolus et ne pouvaient pas être
utilisés seuls. Un critère d’âge basé sur la forme des rémiges
secondaires est proposé et serait à vérifier.
Enfin, l’analyse des différents contrôles montre que la
grande majorité des sizerins observés en France au cours de
l’hiver 2017-2018 provient selon toute vraisemblance des
populations nicheuses de Sizerin cabaret du Royaume-Uni, et
dans une mesure moindre, de la population de Sizerin flammé
du nord de la Scandinavie.
Néanmoins l'examen des données de bagages
et contrôles à l’échelle européenne tend à prouver qu’une
proportion des sizerins ayant fréquenté notre pays pourrait
provenir de contrées plus lointaines. Le prochain afflux de
sizerins en France constituera une nouvelle opportunité pour
tenter de confirmer tous ces résultats.
Pour en savoir plus:
Poisson O.,
Provost R.
Afflux de sizerins en France lors de l’hiver 2017-2018 :
analyse à l’aide du baguage. Ornithos 25-6 : 209-231
(avec l’aimable autorisation de la rédaction d’ornithos)
Rédacteur: olivier.poisson1(at)sfr.fr
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