vendredi 12 juin 2020

Afflux de sizerins en France lors de l’hiver 2017-2018 : analyse à l’aide du baguage



En fin d'année 2017, les augmentations du nombre d'observations de sizerins en France, en même temps qu'une augmentation du nombre de captures par les stations de baguages de pays de l'Est, puis de pays plus proches de la France, constituaient les prémisses visibles d'un afflux inhabituel de ces espèces. Alors que les observations en France ont dépassé les régions où l'espèce peut se rencontrer habituellement en automne ou en hiver, il est apparu que le nombre de captures y était en forte augmentation. Aussi l'activation d'un programme "flash" (voir site du CRBPO ) s’est révélé opportun pour essayer de caractériser cet afflux, et de répondre à plusieurs questions : De quelles espèces et populations proviennent ces oiseaux ? Quelles sont les sexes et âges ratios des cohortes présentes en France ? Quelle est la dynamique de cet afflux ?
Dans le contexte taxonomique des sizerins européens, les captures ont permis à plusieurs bagueurs et observateurs d’apprécier les différences de plumages - parfois ténues, notamment en fin d’hiver – et de biométrie entre les Sizerin flammé Acanthis flammea et Sizerin cabaret Acanthis cabaret.


Sizerin cabaret Acanthis cabaret (à gauche) et Sizerin flammé A. flammea (à droite), Loiret, décembre 2017 (Cyril Maurer)















                           La mise en perspective des données de captures et contrôles collectées sur la période 2000 à 2018 a permis de démontrer l’efficacité du programme "flash". Elle montre également un plus fort nombre de captures en début d’afflux qu’au milieu de l’hiver, qu’une moindre attractivité des leurres acoustiques pourrait en partie expliquer. L’analyse des données de la période 2017-2018 montre que les deux tiers des sizerins capturés sont des cabarets, alors qu’un peu plus de 10 % sont des flammés (les autres restant indéterminés), et qu’au sein d’un même groupe les proportions peuvent varier d’un extrême à l’autre. Les données biométriques (masse et longueur d’aile pliée) permettent de visualiser globalement la distinction entre les deux espèces. Il est également constaté que les sizerins nés en 2017 (jeune de 1er hiver) étaient plus nombreux chez cabaret (54 %) que chez flammé (38 %).

Répartition des Sizerin cabaret et flammé dans les groupes capturés.

L’examen du plumage de 5 oiseaux d’âges connus (contrôles d’oiseaux déjà bagués) a également permis de confirmer que les critères d’âges concernant les grandes couvertures et la forme des rectrices n’étaient pas absolus et ne pouvaient pas être utilisés seuls. Un critère d’âge basé sur la forme des rémiges secondaires est proposé et serait à vérifier.
Enfin, l’analyse des différents contrôles montre que la grande majorité des sizerins observés en France au cours de l’hiver 2017-2018 provient selon toute vraisemblance des populations nicheuses de Sizerin cabaret du Royaume-Uni, et dans une mesure moindre, de la population de Sizerin flammé du nord de la Scandinavie. 

Origine et contrôle des sizerins bagués dans l'hiver 2017-2018

Néanmoins l'examen des données de bagages et contrôles à l’échelle européenne tend à prouver qu’une proportion des sizerins ayant fréquenté notre pays pourrait provenir de contrées plus lointaines. Le prochain afflux de sizerins en France constituera une nouvelle opportunité pour tenter de confirmer tous ces résultats.

Pour en savoir plus:

Rédacteur: olivier.poisson1(at)sfr.fr

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