jeudi 8 août 2019

Hypothèses et résultats de suivi de la plus longue migration: le cas de la Sterne arctique

Voici le résumé d'un article qui vient de sortir sur le plus grand migrateur au monde : la Sterne arctique (Alerstam et al. 2019).

Sterne arctique (Source: Wikimedia)
La Sterne arctique Sterna paradisaea effectue la plus longue migration annuelle connue sur Terre, se déplaçant entre les sites de reproduction dans les régions arctiques et tempérées du nord et les zones de mue de la banquise de l'Antarctique. Salomonsen (1967, Biologiske Meddelelser, Copenhague Danske Videnskabernes Selskabernes Selskab, 24, 1) a proposé une hypothèse de ce modèle de migration globale, suggérant que la distribution de nourriture, les régimes de vent, la distribution de glace de mer et les habitudes de mue sont des déterminants écologiques et évolutionnaires clés. Nous avons utilisé des géolocalisateurs légers pour enregistrer 12 voyages annuels de huit individus de sternes arctiques se reproduisant dans la mer Baltique. Les cycles de migration ont été évalués à la lumière des hypothèses de Salomonsen et comparés aux résultats des études de géolocalisation des populations de sternes arctiques du Groenland, des Pays-Bas et de l'Alaska. Les sternes de la Baltique ont effectué un circuit migratoire annuel de 50 000 km, exploitant des régions océaniques à forte productivité dans l'Atlantique Nord, le courant de Benguela et l'océan Indien entre l'Afrique australe et l'Australie (incluant parfois la mer Tasmanie). Elles sont arrivées vers le 1er novembre dans la zone antarctique à des longitudes très lointaines vers l'est (dans un cas même à la mer de Ross) et se sont ensuite déplacées vers l'ouest sur 120-220 degrés de longitude vers la région de la mer de Weddell. Elles sont reparties à la mi-mars pour une migration printanière rapide dans l'océan Atlantique. Les données du géolocalisateur ont révélé une ségrégation inattendue dans le temps et l'espace entre les populations de sternes sur la même voie de migration. Les sternes de la Baltique et des Pays-Bas ont voyagé plus tôt et à des longitudes est nettement plus orientales dans l'océan Indien et la zone antarctique que les sternes du Groenland. Nous suggérons une explication adaptative de cette tendance. Le système global de migration de la sterne arctique offre une possibilité extraordinaire de comprendre les valeurs adaptatives et les contraintes des cycles de vie pélagiques complexes, déterminées par les conditions environnementales (productivité marine, configuration des vents, trajectoires de basse pression, distribution de la banquise), les facteurs inhérents (performances de vol, mue, agrégation) et les effets des prédateurs/pirates et des concurrents."
Localisation des sternes arctiques baltes au cours du cycle annuel (Alerstam et al. 2019)

Référence:
Alerstam, T., J. Bäckman, J. Grönroos, P. Olofsson, and R. Strandberg. (2019). Hypotheses and tracking results about the longest migration: The case of the arctic tern. Ecology and Evolution (online).

Rédacteur: Olivier Dehorter

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