Remiz penduline (L. Carrier) |
Jusqu’à la moitié du XXème siècle, la rémiz se reproduisait
essentiellement en Europe centrale. Puis des colons (surtout des oiseaux de 1ère
année) ont étendu l’aire de répartition vers l’Allemagne, puis vers le
nord-ouest (Pays-Bas, Danemark ; Valera et al. 1993). Historiquement, et
jusque vers 1975, les rémizs passaient l’hiver en région méditerranéenne
(Italie, sud de la France, nord-est de l’Espagne ; Valera et al. 1993,
Villaran 2003). Mais, de manière concomitante avec l’expansion vers le Nord-Ouest
des populations reproductrices, il y a eu une expansion vers l’Ouest et le
Sud-Ouest de l’aire d’hivernage (Espagne). Cette expansion s’est faite progressivement au
moins jusque vers les années 1990 (Valera et al. 1993, Villaran 2003);
mais aucune étude n’a caractérisé cette dynamique pour les 3 décades suivantes.
Avec l’apparition de nouvelles aires de reproduction, et de
nouvelles aires d’hivernage, les rémizs ont-elles continué à employer la même
voie de migration, par la côte méditerranéenne ? Ou y a-t ’il eu évolution de nouveaux parcours
migratoires ?
Iris Lucas a exploré cette question graphiquement sur la
base des 57393 données de baguage de rémizs collectées en France depuis 1961
(dont 2927 déplacements de plus de 10 km). Et la réponse s’illustre bien à
partir de la figure ci-dessous. Les rémizs des populations reproductrices les
plus récentes (c’est-à-dire le plus au nord-ouest de l’Europe : Belgique,
Pays-Bas, Danemark) ont établi une nouvelle voie de migration, qui suit la côté
atlantique, pour passer l’hiver dans le sud-ouest de la France ou en Espagne. A
l’inverse, les populations les plus au sud de l’Europe (Suisse, Italie et à l’Est)
passent presque exclusivement par la voie de migration historique, en suivant
la côte méditerranéenne. Et pour les populations du centre de l’Europe, les
oiseaux peuvent passer par chacune des deux voies de migration.
Ce modèle d’étude des voies de migration (remarquable par le taux d’oiseaux qui sont bagués en Europe de l’Ouest, de l’ordre de 1%) méritera des analyses plus approfondies, pour révéler les mécanismes sous-jacents aux changements de voie de migration et d’aire d’hivernage.
Ce travail est le fruit de 60 années de suivi des rémizs par
les bagueurs de toute l’Europe, et en particulier du groupe français de
bagueurs s’intéressant à l’espèce (animé par Pascal Miguet, avec des contributions majeures par Bruno Bayou, Yves Beauvallet, Laurent Carrier, Grégoire Massez, Benjamin Vollot), données
qui ont pu être explorées par Iris Lucas, étudiante de l’Ecole Nationale des Sciences Géographiques, dans le cadre de Travaux Pratiques du BTS Géomètre-Géomaticien,
supervisée par Sébastien Mustière du Laboratoire en Sciences et Technologies de l'Information Géographique (IGN/ENSG) et Pierre-Yves Henry (CRBPO).
Références citées :
Valera, F.,
Rey, P., Sanchezlafuente, A.M. & Munozcobo, J. (1993). Expansion of
Penduline Tit (Remiz pendulinus) through migration and wintering. J. für
Ornithol., 134, 273–282
Villaran, A. (2003). Análisis de la invernada de pájaromoscón Remiz pendulinus en España. Ardeola, 50, 245–250
Rédacteur: Pierre-Yves Henry
Rédacteur: Pierre-Yves Henry
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire