Filets de baguage dans un marais (P.-Y. Henry) |
Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) par Capture a
pour objectif de suivre sur le long-terme les fluctuations démographiques des
populations d’oiseaux communs en France. Ce protocole impose un investissement
personnel élevé de la part des bagueurs qui le mettent en œuvre (équipement,
sécurisation du site, constitution d’une équipe, respect du protocole, au moins
4 jours de terrain par an, etc…). Et cet investissement doit être maintenu sur
la durée (minimum 2 ans ; en moyenne, 5 ans). Le ‘plaisir’ et la facilité de mise en oeuvre sont alors très
importants pour assurer la motivation et l’assiduité sur la durée. Ainsi, depuis
le début du STOC Capture (en France, et ailleurs l’Europe), nous conseillons aux
bagueurs de choisir des sites suffisamment attrayants pour que la mise
en œuvre du STOC reste un plaisir même après 10 ans (extrait du protocole).
Les bagueurs favorisent donc le suivi de sites 'hors
normes', plus préservés, ou plus diversifiés que la moyenne des habitats
disponibles aux alentours de leur domicile. Mais quelles sont leurs
préférences ? A quel point, (dé)favorisent-ils certains
habitats relativement à leur représentation nationale ? Ces questions ont
fait l’objet du stage de master 1 de Léa Schlemmer en 2019 (Muséum National d’Histoire Naturelle), encadré par Pierre-Yves Henry et Pierre Fiquet (CRBPO) et Julien
Laignel (UMS PatriNat). Pour chacune des 281 stations géolocalisées précisément
(1989-2018), nous avons caractérisé l’habitat (à partir du niveau 2 de CORINE LandCover 2012) et le statut de protection/patrimonialité (à partir des données
cartographiques issues de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel) dans un
rayon de 113 m autour du centre de chaque station (4 ha). Le biais
de représentation a été calculé en rapportant cette proportion de stations par
habitat ou statut, à la surface de chaque catégorie à l’échelle de la France
métropolitaine.
L’habitat préféré par les bagueurs est de loin les zones
humides intérieures : 63 fois plus de stations dans cet habitat qu’attendu
par hasard (c’est-à-dire relativement à la surface de ces habitats à l’échelle
métropolitaine; Fig. 1). Suivent les zones humides maritimes (27x plus),
et les espaces verts artificialisés non-agricoles (15x plus).
Les habitats agricoles intensifs sont les moins suivis: 7x
moins qu’attendu par hasard pour les cultures permanentes, 4x moins pour les
terres arables.
La répartition des stations entre les autres catégories
d’habitats est relativement bien représentative.
Notons que la méthode de suivi utilisée (filets de 3 mètres de haut) est peu propice pour les habitats avec une strate végétale haute (p. ex. forêt haute, où une partie des oiseaux passe au-dessus des filets) et pour les habitats très ouverts (p. ex. champs, où les filets sont trop visibles, et les oiseaux les évitent). Ainsi, l'évitement de ces habitats est explicable par l'inadéquation de la méthode à mettre en oeuvre, plutôt que par une préférence des bagueurs.
Notons que la méthode de suivi utilisée (filets de 3 mètres de haut) est peu propice pour les habitats avec une strate végétale haute (p. ex. forêt haute, où une partie des oiseaux passe au-dessus des filets) et pour les habitats très ouverts (p. ex. champs, où les filets sont trop visibles, et les oiseaux les évitent). Ainsi, l'évitement de ces habitats est explicable par l'inadéquation de la méthode à mettre en oeuvre, plutôt que par une préférence des bagueurs.
Figure 1: Biais de représentation dans le réseau des
STOC Capture par catégorie
d’habitat, relativement aux surfaces du territoire national.
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Les bagueurs préfèrent-ils suivre les oiseaux par capture
dans des espaces protégés ? Oui : il y a 30x plus de stations dans
les aires protégées avec plan de gestion qu’attendu par hasard (Fig. 2). Les
zones humides étant attractives pour les bagueurs (Fig. 1), mais aussi
fortement menacées, et donc protégées, une part de cette surreprésentation est
probablement une conséquence de l’attrait des bagueurs pour l’avifaune
paludicole. De plus, les gestionnaires d'espaces naturels sont demandeurs de suivi des populations d'oiseaux qu'ils préservent. Ils sont donc enclins à encourager la mise en oeuvre de suivi sur leurs espaces. Une part des bagueurs sont d'ailleurs employés par des organismes ayant en charge la gestion des sites suivis.
Les autres types de territoires sont relativement bien représentés. Notons qu’il y a autant de stations en ‘nature ordinaire’ (territoires sans statut) qu’attendu par hasard.
Les autres types de territoires sont relativement bien représentés. Notons qu’il y a autant de stations en ‘nature ordinaire’ (territoires sans statut) qu’attendu par hasard.
Ainsi, le réseau des stations de STOC Capture assure une
représentation particulièrement élevée de
la dynamiques des oiseaux communs dans les aires protégées et les
habitats humides, ainsi que dans les habitats arbustifs/buissonnants. A
l’inverse, le réseau est très mal adapté pour documenter la dynamique des
oiseaux communs de milieux agricoles intensifs, habitats qui nécessiteraient un
effort spécifique afin d’y documenter les mécanismes démographique responsables
du déclin des oiseaux dans ces écosystèmes.
Pour en savoir plus:
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Rédacteur :
Pierre-Yves Henry
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