Cycle de Borreliella (extrait de Drouin 2019) |
La
borréliose de Lyme est une maladie causée par un ensemble de bactéries de la
famille des Borreliella (principalement
Borreliella afzelii, B. garinii et B. burgdorferi en Europe). Ces bactéries sont transmises par les
tiques (principalement Ixodes ricinus en
Europe). La borréliose de Lyme touche l’Homme mais
aussi le Chien, le Cheval et les bovins (Centre
National de Référence des Borrelia 2018; Boulouis et al. 2015). Le rôle des oiseaux en tant que
réservoir des bactéries responsables de la maladie est reconnu depuis de
nombreuses années (Heylen
et al. 2013). Ils sont en effet inféodés à
certaines espèces de Borreliella, dont
B. garinii (associée à des symptômes
neurologiques), B. valaisiana et B. turdi. La Mésange charbonnière, la
Mésange bleue, le Rougegorge familier et le Merle noir seraient
particulièrement impliqués dans la dynamique des populations de tiques
vectrices du fait de leurs abondances, et leurs charges en tiques (Marsot et al. 2012; Heylen
et al. 2013, 2017; Norte et al. 2015).
Le projet OUTLYER (OiseaU Tiques LYmE
Risque) cherche à connaître le rôle des oiseaux en reproduction dans la
dynamique locale des populations de tiques et des Borreliella associées. Ce projet est porté par l’unitéd’Epidémiologie du Laboratoire de Santé Animale de l’ANSES (Maisons-Alfort ;
Maud Marsot), le CRBPO (Pierre-Yves Henry) et l’unité Biologie Moléculaire etimmunologie parasitaire (BIPAR, INRA/ENVA/ANSES ; Sara Moutailler). Le but
est de comprendre la contribution relative des différentes espèces aviaires
françaises au risque acarologique de la Borréliose de Lyme, c’est-à-dire à la
production de tiques infectées par ces espèces. La période de reproduction des
oiseaux, peu étudiée jusqu’à présent (Marsot
et al. 2012), représente la période de reproduction
et de plus forte abondance des tiques, mais aussi des oiseaux.
La première partie de ce projet s’est
déroulée dans le cadre du stage de master 2 d’Alex Drouin. Les bagueurs du
CRBPO participants au programme STOC Capture ont été sollicités pour prélever
des tiques sur les oiseaux capturés durant la saison de reproduction 2018. Durant
cette période, 70 stations ont pris part à la collecte (carte ci-dessous) et
ont envoyé 621 prélèvements de tiques provenant de 25 espèces d’oiseaux. Un échantillon
correspondait à un oiseau avec au moins une tique prélevée sur l’individu.
Répartition des sites de prélèvement de tiques et prévalence des larves en Borreliella sp. |
Nous nous sommes intéressés
uniquement aux larves des tiques car celles-ci sont considérées comme naïves en
agents pathogènes. En effet, la transmission trans-ovarienne des bactéries
responsables de la maladie de Lyme, c’est-à-dire de transmission de l’agent
pathogène de la femelle à sa descendance, est négligeable. On considère donc
que lorsqu’une ou plusieurs larves de tique sont détectées positives pour Borreliella, c’est que l’oiseau sur
lequel a été prélevé la ou les larves de tiques était porteur de la bactérie et
l’a transmise aux tiques.
Nous avons eu au total 312
échantillons de larves, provenant de 25 espèces d’oiseaux différentes. Au
total, 27,2 % de ces échantillons étaient positifs pour Borreliella. Les données disponibles pour le moment ont permis de
montrer que le Merle noir et la Grive musicienne apparaissaient comme les deux
espèces ayant les plus fortes prévalences pour Borreliella. Au contraire, le Rouge-gorge familier et le Troglodyte
mignon étaient les deux espèces ayant la plus faible prévalence (voir les détails dans le rapport d’Alex Drouin). La précision de ces estimations reste
toutefois à améliorer pour certaines espèces en raison des petits effectifs
disponibles. Les données de la collecte de 2019 permettront de compléter les
informations concernant la variabilité inter- et intra-spécifique, et d’étudier
la variabilité spatiale de cette prévalence. Ces travaux seront poursuivis dans
le cadre du projet de thèse de doctorat OUTLYER qui a démarré au 1er
octobre 2019 (voir le post).
Références citées
Boulouis, H.-J., A.-C. Lagrée, T. Dugat, and
N. Haddad. 2015. Les animauxvertébrés et les maladies dues à des bactéries vectorisées par les tiques, Revue Francophone des Laboratoires, 472:
77-87.
Centre National de Référence des Borrelia. 2018.
'La bactérie responsable de La Borréliose de Lyme', Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.
Heylen, D., A. Krawczyk, I. Lopes de Carvalho, M.
S. Nuncio, H. Sprong, and A. C. Norte. 2017. Bridgingof cryptic Borrelia cycles in European songbirds, Environ Microbiol, 19: 1857-67.
Heylen, D., E. Tijsse, M. Fonville, E. Matthysen, and H. Sprong.
2013. Transmission dynamics of Borrelia burgdorferi s.l. in a bird tickcommunity, Environ Microbiol, 15:
663-73.
Marsot, M., P. -Y. Henry, G. Vourc’h, P. Gasqui, E. Ferquel, J.
Laignel, M. Grysan, and J. -L. Chapuis. 2012. Which forest bird species arethe main hosts of the tick, Ixodes ricinus, the vector of Borrelia burgdorferisensu lato, during the breeding season?, InternationalJournal for Parasitology, 42: 781-88.
Norte, A. C., L. P. da Silva, P. J. Tenreiro, M. S. Felgueiras, P.
M. Araujo, P. B. Lopes, C. Matos, A. Rosa, P. J. Ferreira, P. Encarnacao, A.
Rocha, R. Escudero, P. Anda, M. S. Nuncio, and I. Lopes de Carvalho. 2015. Patterns of tick infestation and their Borrelia burgdorferi s.l. infection inwild birds in Portugal, Ticks Tick BorneDis, 6: 743-50.
Rédacteurs: Alex Drouin, Maud Marsot et Pierre-Yves Henry
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